Par Gérald Bussy et Clarisse Mahul

Extrait du livre 100 idées pour accompagner le vieillissement des personnes avec déficience intellectuelle

L’autonomie et l’autodétermination sont des processus très liés. L’autodétermination est définie par le spécialiste de l’éducation spécialisée Michael Wehmeyer 1 comme l’ensemble des capacités d’un individu lui permettant de devenir acteur responsable de sa vie (faire des choix, prendre des décisions, …), sans intermédiaire.

Dans le modèle proposé par Wehmeyer (1999), un des facteurs conduisant à rendre la personne déficiente intellectuelle acteur de sa vie réside dans ses capacités, elles-mêmes dépendantes de ses apprentissages et de son développement.

On peut donc supposer qu’en améliorant la compréhension du fonctionnement cognitif et psychique de la personne déficiente intellectuelle (par des aménagements, des prises en charge adaptées, …), on pourra modifier sa trajectoire développementale (au travers de rééducations et propositions d’aménagements pédagogiques) et donc, par voie de conséquence, améliorer ses apprentissages. Les fonctionnements cognitif et conatif ainsi améliorés conduiront à rendre la personne plus autonome et permettront d’ouvrir son « champ des possibles ». 

Cela signifie qu’en ayant de meilleures compétences (capacités en lecture, en gestion de son argent ou de son temps, …), la personne déficiente intellectuelle pourra avoir davantage de possibilités dans ses choix de vie. Par exemple, une intervention neuropsychologique, couplée aux autres prises en charge, développera les compétences nécessaires (mémoire de travail, fonctions exécutives…) lui permettant de recueillir les informations pertinentes pour acquérir l’autonomie de ses déplacements dans les transports en commun (repérer les panneaux directionnels, lire un plan, comprendre les horaires des bus…). Pouvoir se déplacer seule dans la ville permettra ainsi à cette personne d’avoir une vie sociale, des expériences qui lui permettront de développer d’autres compétences, de trouver un emploi en fonction de ses compétences et de ses désirs, et de ne pas voir ses possibilités limitées par l’éloignement.

C’est pourquoi le projet de soins et d’accompagnement de tout enfant présentant une déficience intellectuelle devrait être, dès le plus jeune âge, de tendre vers le maximum d’autonomie et de construire le plan d’action pour y parvenir ; en gardant à l’esprit que tout est possible, et qu’il est impossible de savoir à l’avance ce que pourra ou ne pourra pas apprendre à faire une personne déficiente intellectuelle.

Nous faisons le postulat que les personnes avec DI sont aptes à faire bien plus de choses que ce que nous pensons ou que ce qu’elles nous montrent. Il suffit de trouver les bons leviers pour qu’elles y parviennent.


1. Wehmeyer, M.L. « Self-Determination as an Educational Outcome: A Definitional Framework and Implications for Intervention ». Journal of Developmental and Physical Disabilities, September 1997, Volume 9, Issue 3, pp175–209. — Wehmeyer, M.L. & Bolding, N. « Self-Determination-Across Living and Working Environments: A Matched Samples Study of Adults With Mental Retardation. » Mental Retardation, Oct. 1999. Vol 37, pp 353-363. — Wehmeyer, M.L. et Lachapelle Y. (« Autodétermination, proposition d’un modèle conceptuel fonctionnel. ») Déficience intellectuelle, savoirs et perspectives d’action, vol 1. Presses interuniversitaires, Québec, 2006.