Par Domitille Gras etEmmanuelle Ploix Maes

Extrait du livre 100 idées pour mieux comprendre ce qu’est l’intelligence

Le clinicien commence par recueillir des informations sur la famille : antécédents de maladies, liens de parenté éventuels, grossesses précédentes, santé des aînés, construction d’un arbre généalogique. Il s’attache ensuite à la vie foetale (complications éventuelles au cours de la grossesse, relevé des échographies, prises de médicaments ou de toxiques…), puis au déroulement de la naissance et de la période néonatale. La mention par les parents d’événements de cette période perçus par eux comme marquants est souvent précieuse (« les tétées étaient difficiles », « elle avait un torticolis »…). On relève le terme à la naissance, le poids et le périmètre crânien, dont les normes de mensurations sont en fonction de l’âge de gestation (défini par le temps écoulé entre le jour des dernières règles et le jour de la naissance). La fin de la grossesse et l’accouchement sont des périodes à risque pour le foetus : un manque d’oxygénation peut entraîner des lésions cérébrales, et une naissance prématurée est un risque pour un cerveau immature.

Le contexte psycho-affectif et social est très important ; un enfant présentant des difficultés de développement peut s’avérer évoluer dans un contexte de grande précarité sociale ou de violence intra familiale. Aussi, tout en se gardant de faire des conclusions hâtives en termes de causalité, le clinicien devra s’intéresser au mode de socialisation, à l’emploi des parents, aux événements de vie… Un stress psychologique peut influencer un trouble en termes d’intensité ou d’évolution, sans qu’il en soit le « déclencheur ».

On étudiera tous les aspects du neurodéveloppement, avec le relevé précis des différentes étapes des acquisitions, et on interrogera spécifiquement sur le motif de l’inquiétude parentale, et l’âge de l’enfant au moment où sont apparues ces premières inquiétudes. On s’intéressera au comportement de l’enfant, à la qualité de ses interactions sociales et de sa communication, à son langage, à son sommeil, à son alimentation.

Un cadre chaleureux, la patience et la bienveillance du clinicien sont des éléments indispensables pour un examen informatif et une bonne évaluation du développement ! Une telle consultation doit passer par une bonne qualité d’échanges avec l’enfant : jouer avec lui est un excellent moyen d’évaluer son développement. La consultation va, bien sûr, comporter un examen neurologique complet ; par exemple, pour un tout-petit : observation de sa gesticulation spontanée, examen de son tonus, qualité du contact oculaire… Ainsi, chez un bébé de 3 mois peu réactif, des bras très raides et des pouces repliés dans les paumes, seront pour le clinicien des signes d’alerte sur la qualité du fonctionnement cérébral. Dans son évaluation, l’examinateur doit tenir compte de l’âge du bébé : par exemple, la présence de réflexes primaires est normale chez un nouveau-né, mais pas chez un enfant de 10 mois. L’examen clinique est exhaustif, de l’aspect du visage à l’examen de la peau, en passant par le relevé de la courbe de croissance en poids, taille et périmètre crânien.

À la naissance, les os du crâne ne sont pas soudés (on peut palper des espaces les séparant : les fontanelles). La progression du périmètre crânien reflète la croissance des hémisphères cérébraux, très rapide jusqu’à 2 ans avec le développement cérébral : la masse cérébrale triple entre la naissance et l’âge de un an ! Un changement de couloir de la courbe du périmètre crânien doit alerter le médecin.

Si nécessaire, par exemple si l’enfant était trop fatigué ou malade, il ne faudra pas hésiter à refaire la consultation ultérieurement.

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