Par Marie-Noëlle Leroux et Monique Touzin.

Extrait du livre 100 idées pour venir en aide aux enfants dysphasiques.

L’inintelligibilité du langage de l’enfant dysphasique est l’obstacle majeur à sa communication avec les autres : il parle, mais on ne comprend pas les mots qu’il prononce tant ils sont déformés.

L’enfant sait le mot qu’il faut dire, mais n’arrive pas à le prononcer correctement. L’interlocuteur ne comprend pas, le fait répéter, l’enfant ne parvient pas à améliorer sa production et se sent en échec. Il y a alors rupture dans la communication, par incompréhension des messages.

L’enfant n’est souvent compris que par ses parents, qui ont fini par apprendre à décoder le langage atypique de leur enfant. Certes, l’articulation des mots prononcés est souvent bien éloignée de leur prononciation correcte mais, ayant appris comment l’enfant déforme les mots, les parents comprennent ce qu’il veut dire. Ainsi, cet enfant qui nous parle avec animation de son « coyokin » et qui s’énerve face à notre incompréhension. Mais les parents, eux, savent bien que c’est ainsi que l’enfant parle de son « cochon d’Inde » !

Pourquoi n’arrive-t-il pas à prononcer correctement les mots ? Souvent parce qu’il n’en perçoit pas correctement les différents
segments et ne peut donc pas les reproduire. La demande de répétition ne l’améliore pas, car elle ne lui permet pas plus de savoir ce qui compose le mot. En effet, c’est sa perception des sons qui est altérée, alors qu’il n’est pas sourd. Il faudra donc tout un travail rééducatif pour lui faire prendre conscience des différents éléments syllabiques du mot et l’entraîner à les produire pour reconstituer le mot. Cela prendra du temps, et nécessiterades supports autres que sonores.

Parfois c’est une impossibilité à prononcer les syllabes qui empêche la production exacte. Il faudra donc alors réaliser un travail sur les mouvements articulatoires (les praxies) pour aboutir à l’enchaînement des mouvements qui produiront le mot sous sa bonne forme.

En attendant, il faut toujours encourager les productions,sans frustrer l’enfant dans ses essais de communication.

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