Par Marie-Noëlle Leroux et Monique Touzin

Extrait de l’ouvrage 100 idées pour venir en aide aux enfants dysphasiques.

Les enfants demandent aux adultes de jouer avec eux. C’est un moment privilégié qui peut être aussi très stimulant sur le plan du langage.

Le lieu où l’on s’installe doit être assez calme (pour éviter trop de stimulations sonores et de distractions) et l’adulte doit être disponible pour l’enfant, sans le souci d’obtenir de lui des performances langagières et sans obligation de résultat.

L’enfant choisit un jeu qui lui plaît, et l’adulte va le laisser diriger les interactions en s’adaptant à la situation proposé par l’enfant. Il peut s’agir de jeux de construction, de mise en scène avec des figurines, avec des jouets…

L’adulte ne doit pas imposer son discours, mais « suivre » l’enfant dans ses propositions. Il va alors reprendre le discours de l’enfant, l’enrichir de façon raisonnable et adaptée au niveau de l’enfant, créer des répétitions de structures de phrases que l’enfant va peu à peu imiter, introduire des mots nouveaux. Il faut certes être patient car il faudra présenter de nombreuses fois les nouveaux mots et les structures syntaxiques avant que l’enfant les apprenne et les utilise de façon adéquate.

On crée ce genre de situations avec des jeux de « faire semblant », où les participants (enfant et adulte) ont chacun un rôle à jouer, avec les verbalisations adaptées qui anticipent, préparent, décrivent l’action. D’autres enfants peuvent être intégrés au jeu, et les tours de parole se mettent alors en place, en maintenant toujours la cohérence du discours avec le thème. Tenir compte de l’autre et de son discours fait aussi partie de l’apprentissage des compétences de conversation.

C’est à partir du jeu que l’enfant apprend à mettre en place ses compétences conversationnelles : il doit alors s’adapter aux apports des autres enfants, tenir compte des nouveaux éléments, de l’intention des autres acteurs de la conversation, s’ajuster, demander des informations, en donner, etc…

L’enfant prend ainsi peu à peu conscience que le langage permet non seulement d’évoquer des éléments non présents, mais aussi de parler de ce qui va arriver, de l’ailleurs. Mais, bien sûr, les moments de jeux sont aussi des moments de plaisir partagé avec les autres, et il faut absolument préserver des moments de détente, des moments qui ne seront pas sous-tendus par la demande d’apprentissages linguistiques, car jouer avec les autres, c’est déjà communiquer.

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