Par Alain Corneloup

Extrait du livre 100 idées pour bien gérer sa classe

« L’autorité c’est inné c’est les enseignants ! »

C’est ce que l’on dit ! Mais ce serait un peu court que de réduire les problèmes posés par l’autorité du professeur à son seul aspect charismatique. S’il est vrai qu’un certain nombre d’éléments peuvent aider à avoir de l’autorité (le tempérament, la stature, la voix, l’expression du visage et, pourquoi pas, la tenue vestimentaire…), on ne peut limiter à ces seuls critères les qualités d’un professeur dans ses relations aux élèves, ou alors il ne faudrait recruter que des professeurs hommes mesurant plus d’un mètre soixante dix, pesant au moins 80 kg, et parlant d’une voix grave…

Comment expliquer alors que telle professeur femme soit à même de gérer une classe d’adolescents sans difficulté apparente ?

Pendant longtemps l’autorité du professeur était une autorité institutionnelle, autorité reconnue par l’institution, par les parents, et donc par les élèves… Mais l’élève était alors soumis et son éducation familiale lui avait inculqué ce respect.

L’évolution de la société, la massification de l’enseignement, les méthodes pédagogiques incitant l’élève à être l’acteur de ses apprentissages ont fait qu’il a perdu une partie de ces repères. Les familles plus au fait de la chose scolaire, plus informées, ont parfois tendance à « critiquer » l’école, ses méthodes, ses maîtres.

Aujourd’hui, la difficulté de l’enseignant est d’obtenir l’engagement effectif des élèves en faisant appel non à la coercition mais à la persuasion.

L’apprentissage est une adaptation à une situation ; le professeur devra donc proposer aux élèves d’acquérir des savoirs contenus dans les programmes et non pas de fournir une réponse à ses propres désirs ou à ceux des familles.

Les élèves savent faire la différence entre le professeur dévoué et qui s’intéresse à eux, et celui qui ne fait qu’un strict minimum et qui, ostensiblement, ne s’intéresse pas à ses élèves.

Le professeur est sur scène pendant ses heures d’enseignement : comme l’acteur, il devra intéresser son public et « jouer » un personnage. Ainsi, il devra, comme un acteur, savoir placer sa voix, utiliser une gestuelle appropriée, apprendre son rôle, réagir à son public, tenir compte des réactions de la salle et, surtout, montrer à ses spectateurs (ses élèves) tout le respect et l’intérêt qu’il a pour eux.

Gardez dans votre mémoire d’enseignant cet extrait d’Hannah Arendt (1906-1975), philosophe américaine d’origine allemande : « L’autorité exclut l’usage de moyens extérieurs de coercition ; là où la force est employée, l’autorité est laissée de côté. »

Ce n’est pas à coup de punitions, de règlements, de crainte ou d’asservissement que vous assoirez votre autorité. C’est grâce à votre charisme, votre volonté, calme, réfléchie, votre sang-froid, votre respect de l’élève, votre respect du groupe qui vous est confié que les termes discipline, autorité, sanctions… ne feront plus partie de votre vocabulaire.

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