De  Doris PerrodinRoberta Poulin et Olivier Revol

Extrait du livre 100 idées+ pour accompagner les enfants à haut potentiel

Les indices précoces

L’histoire de l’enfant à haut potentiel commence très tôt… Dès la naissance, en tout cas avant la fin du 1er mois, le regard intense de ces bébés surprend l’entourage : comme un scanner qui analyse très tôt le monde qui l’entoure. Un tonus axial (position assise, tenue de sa tête) acquis précocement leur permet d’accéder rapidement à une statique idéale pour regarder, participer, puis élargir leur périmètre de découverte. L’acquisition du langage est souvent rapide (en général avant deux ans) ou apparemment dans la norme, mais d’emblée avec une syntaxe excellente et sans passer par la phase « parler bébé », comme si l’enfant attendait de maîtriser le langage pour se lancer. Curieux de tout, ravis de leur aisance verbale, ils surprennent et parfois fatiguent rapidement l’entourage par leurs inlassables questions. Leur volonté farouche de se débrouiller seuls entraîne des comportements d’opposition. Très tôt à la recherche de sens, ils n’acceptent les règles que s’ils en comprennent la raison. Prémices d’un fonctionnement axé sur le besoin constant de contrôle et de maîtrise.

Premiers clignotants

En avance sur chaque temps de passage attendu, l’enfant à haut potentiel, surtout si c’est l’aîné de la fratrie, désempare ses parents par des comportements atypiques, en tout cas différents de ceux décrits par les spécialistes de la petite enfance. Dans un premier temps rassurés, les adultes sont rapidement surpris et à la recherche d’un mode d’emploi adapté.

Le problème du sommeil, et en particulier de l’endormissement, est quasi constant. Ce « symptôme » peut s’expliquer par une anxiété de séparation, une difficulté à renoncer au plaisir d’exploration, ainsi que par une difficulté à lâcher prise et sans doute la tentation de repousser le plus tard possible le moment où s’entrechoquent les émotions de la journée écoulée et l’inquiétude de celles à venir.

Élevée au milieu des écrans, la nouvelle génération ne sait pas s’occuper seule. Si tous les enfants du XXIe siècle n’aiment pas l’ennui, l’enfant à haut potentiel le déteste. Il risque de pousser ses parents, à leur insu, à lui proposer de multiples activités afin d’éviter qu’il s’agite trop et devienne rapidement insupportable. De fait, contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les parents qui « poussent » leur enfant HP à apprendre, mais bien l’inverse !

L’intelligence est source d’anxiété. L’extrême lucidité de l’enfant à haut potentiel l’amène à se poser trop tôt des questions existentielles (sur la mort, la maladie, la planète, les origines de l’homme ou l’avenir de l’humanité…) pour lesquelles il n’a pas de réponse. Et l’entourage non plus…

Un malaise, sans doute aggravé par ses compétences particulières en matière d’empathie qui lui permettent de « ressentir les émotions de l’autre ». Le désarroi de ses parents face à son questionnement incessant est vite perceptible et ne contribue pas à le rassurer.

L’ensemble de ce profil explique sans doute l’hypersensibilité, constatée chez tous les enfants à haut potentiel, qui surprend et parfois dérange. Cette acuité va compliquer, mais aussi enrichir ses rapports avec les autres, la vie, l’école… Une école dont il attend souvent beaucoup, au risque d’être déçu.

Photo by jonas mohamadi from Pexels