Par Dr. Anne Gramond.

Extrait du livre 100 idées pour aider un enfant qui ne va pas bien.

Il est assez courant que les enfants développent des rituels ou expriment des pensées « magiques » ; par exemple : « Si je ne marche pas sur le trait entre deux carreaux sur le trottoir, il ne m’arrivera pas de malheur… » C’est pourquoi il ne faut pas s’inquiéter devant un enfant qui aime faire les choses « parfaitement » ou qui insiste pour répéter toujours le même rituel avant de se coucher. Tous les enfants ont ainsi leurs petites manies, au moment de manger, de se coucher. Ces petits rituels font partie de leur développement et de la construction de leur personnalité. Ils sont tout à fait normaux.

Le problème se pose différemment dès que les rituels deviennent envahissants, qu’ils se prolongent et que l’enfant ne parvient pas à s’arrêter : il compte et recompte les carreaux de la cuisine, répète des mots ou des phrases, vérifie inlassablement ce qu’il a écrit… et cela dure parfois une heure ou davantage.

Cela n’a rien d’un caprice : c’est l’expression d’une souffrance qu’il convient de prendre très au sérieux car si ces rituels ou ces comportements ritualisés durent plus d’une heure par jour, l’enfant présente probablement un TOC. Et un enfant qui présente un TOC est en souffrance, il a peur et rien ne peut le rassurer. Il peut avoir peur des microbes, ou que ses parents disparaissent, avoir peur de tomber malade, qu’une catastrophe survienne, ou de ne pas pouvoir s’empêcher de commettre quelque chose de « mal ». Ces pensées « obsessionnelles » qu’il ressent comme intrusives, excessives et inappropriées sont très handicapantes pour l’enfant qui en souffre : elles entraînent chez lui une anxiété et une détresse importantes. Pour lutter contre ses obsessions, il met en place des rituels que l’on appelle des « compulsions » : ce sont des comportements répétitifs (se laver les mains, vérifier et revérifier…) ou des actes mentaux (prier, compter et recompter…) qui servent à le rassurer, à diminuer son anxiété et contre lesquels il ne parvient pas à lutter. Il vérifie tout, tout le temps, et ceci plusieurs fois : ai-je bien fermé la porte ? Mon stylo est-il bien dans ma trousse ? Ma trousse est-elle bien dans mon cartable ? Ai-je bien éteint la lumière avant de partir ?

Certains enfants, notamment les plus jeunes, ne présentent pas d’obsessions mais uniquement des compulsions, mais la conduite à tenir et la prise en charge sont les mêmes que pour les enfants qui présentent des idées obsédantes et des compulsions.

Lorsque l’on suspecte qu’un enfant présente un TOC, il faut rapidement consulter un spécialiste de ce trouble qui confirmera (ou non) le diagnostic et, si le TOC est avéré, proposera une prise en charge appropriée.