Par Domitille Gras et Emmanuelle Ploix Maes

Extrait du livre 100 idées pour mieux comprendre ce qu’est l’intelligence

 L’intelligence ne peut être définie par sa mesure, car elle est bien plus vaste qu’un test, d’autant que « mesurer l’intelligence » reste une approche de l’intelligence et une affaire très subtile ! Réduire l’intelligence à un chiffre expose à des jugements de valeur (certaines personnes « valant » mieux que d’autres…), voire à des débats idéologiques très éloignés du domaine scientifique (comme la tentation de corréler certains niveaux de quotient intellectuel à des populations particulières…). Il existe à l’heure actuelle une pression sociale importante pour évaluer les compétences intellectuelles des enfants, notamment pour savoir s’ils sont « surdoués », dont il faut savoir préserver les enfants.

Mesurer l’intelligence est bien sûr très utile, notamment pour confirmer certains diagnostics de troubles neurodéveloppementaux, pour comprendre le fonctionnement d’un sujet et ainsi mieux guider ses prises en charge en s’appuyant sur ses compétences les moins touchées… Mais il faut garder à l’esprit qu’une telle mesure est soumise à une marge d’erreur, et que de très nombreux facteurs peuvent influencer les performances : la langue maternelle du sujet évalué, et son degré d’anxiété, d’attention, de motivation… En outre, cette mesure est très dépendante de la compétence du psychologue qui fait la passation et de la qualité de son interprétation. Enfin, cette mesure ne nous informe que sur la position d’un individu par rapport aux autres sujets appartenant à la même population. Les tests sont normés dans la population à laquelle appartient le sujet testé.

Ces normes doivent être régulièrement mises à jour. En effet, avec la conjonction de meilleures conditions socio-économiques, des modifications environnementales (meilleures couvertures vaccinales, amélioration de l’état nutritionnel…) et d’une scolarisation plus prolongée, les performances intellectuelles dans les pays occidentaux ont eu tendance à augmenter depuis la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. Cet « effet Flynn » tend à se tasser à l’heure actuelle.