Par Monique Touzin

Extrait du livre 100 idées pour venir en aide aux élèves « dysorthographiques »

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Cette maxime pourrait très bien s’appliquer à notre orthographe, qui peut paraître aléatoire, incompréhensible… et donc difficile à apprendre.

« L’absurdité de notre orthographe, qui est, en réalité, une des fabrications les plus cocasses du monde, est bien connue. Elle est un recueil impérieux ou impératif d’une quantité d’erreurs d’étymologie artificiellement fixées par des décisions inexplicables. » (Paul Valéry, Variété III, 1936). Rien que dans la transcription des sons à l’écrit, notre orthographe comporte de vraies difficultés :

• Tout d’abord, nous avons plus de 36 sons (phonèmes) à transcrire dans notre langue mais nous n’avons que 26 lettres dans notre alphabet : 17 sons consonnes, 16 sons voyelles, 3 semi-consonnes. Pour transcrire certains de ces sons, nous devons donc utiliser plusieurs lettres (ou/oi/on/ an…).

• À l’inverse, des sons identiques peuvent se transcrire de plusieurs façons : par exemple, o/au/eau ; an/am/en/em ; in/ain/ein… et 11 manières différentes d’orthographier le son /k/

• Un même graphème peut correspondre à plusieurs phonèmes : par exemple, on peut représenter le son /s/ par la lettre s dans sardine ou asticot, mais la même lettre s se prononce /z/ dans maison et ne se prononce pas dans mais. Autre exemple : la lettre c se dit /k/ dans cahier, mais /s/ dans cinéma.

• Ajoutons encore que certains graphèmes ne se lisent pas comme ils devraient (« oi » dans oignon, « on » dans monsieur).

Pour compliquer encore tout cela, il faut penser aussi à transcrire des lettres qui ne s’entendent pas… Enfin, pas toujours ! Par exemple tronc possède une lettre muette en finale, ce qui est d’autant plus étonnant que le c en finale n’est généralement pas muet (arc, lac).

On comprend mieux à travers ces quelques exemples pourquoi il faut plusieurs années pour maîtriser une orthographe qui recèle autant de pièges. Et nous n’avons parlé là que des sons. On comprend aussi que pour certains cet apprentissage soit un vrai cauchemar (sans d !)

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