Par Florence Cabellan

Extrait du livre 100 idées pour mieux discerner difficultés et besoins spécifiques dès la maternelle

Lors des évaluations quotidiennes, l’enseignant cerne les besoins de ses élèves en termes d’apprentissage à effectuer pour consolider ou mettre en place des notions du programme. Ces évaluations ne sont pas forcément écrites. L’observation est une source de renseignement indispensable, notamment à l’école maternelle où les jeux de manipulation sont nombreux et renseignent sur le développement de la motricité fine, sur la tonicité musculaire, sur la capacité de mémorisation… Il existe de nombreuses grilles d’observation qui ciblent précisément les savoir-faire à acquérir.

L’enseignant a un regard à la fois humain, car il remet les actes dans un contexte collectif, mais aussi « technique » qui analyse les actes de l’enfant par rapport au stade de développement correspondant à cette tranche d’âge. Bien entendu, le mois de naissance de l’élève a une incidence sur sa maturité et ce facteur est très important entre deux ans et demi et six ans.

Le temps est nécessaire à tous les enfants pour qu’ils évoluent et progressent. L’enseignant relèvera davantage, comme exemples probants : les progrès de ses élèves dans la compréhension des consignes, le temps d’écoute ou les déplacements en équilibre dans la salle de motricité.

Lorsque l’enseignant constate des temps de latence avant d’entamer un travail, le regard d’un élève rivé sur ce que font les autres pour comprendre ce qui est demandé, une attention furtive lors de l’écoute d’une histoire, des problèmes de mémorisation pour retenir le nom des lettres ou une comptine, une réticence à changer de lieu ou à accepter que l’emploi du temps varie jusqu’à créer une anxiété ou plus; il détient là la preuve que l’enfant, qui n’a pas encore la possibilité de l’expliquer, se sent en difficulté, ce qui exige de lui « des efforts importants ». Une intervention ciblée peut se révéler trèsefficace sur cette difficulté passagère ou ponctuelle.

Lorsqu’un élève est considéré en difficulté, l’Éducation nationale apporte des aides de trois sortes :

-Les Activités Pédagogiques Complémentaires (A.P.C.) quiabordent les notions incomprises plus concrètement ou defaçon ludique (jeux de société, phonologie et jeux de mots…)en petits groupes avec un professeur des écoles. Cette aide est ponctuelle et dure de trois-quarts d’heure à une heure par semaine durant cinq à six semaines.

-Pour des difficultés plus conséquentes, le Réseau d’Aides spécialisées aux Élèves en Difficulté (RASED), composéd’enseignants spécialisés et de psychologues scolaires, intervient, depuis 1990, en accord avec la famille pour analyser des situations particulières en apportant descompétences spécifiques. Théoriquement, ce réseauencourage la concertation à l’intérieur de l’école et favorise la prévention. Dans la pratique, les enseignants spécialisés et les psychologues sont de moins en moins nombreux et peinent à organiser des concertations en dehors de leurs temps d’intervention auprès des élèves.

-Quant aux psychologues scolaires, ils réalisent, avecl’autorisation préalable des parents, des bilans sur le temps scolaire visant à évaluer le développement et les compétences intellectuelles de l’élève. Ils permettent de réaliser des investigations complémentaires et de prendre des mesures d’aide et de prévention si nécessaire. De plus, un bilan systématique doit être réalisé par un infirmier scolaire aux trois âges clés :– à 4 ans pour évaluer les compétences langagières de base ; – à 6 ans pour évaluer l’apprentissage du langage écrit ; – à 71⁄2-8 ans pour dépister des troubles d’acquisition du langage écrit.

Faute de temps, l’infirmier scolaire se consacre aux élèvesde grande section. Certaines années, il ne peut voir tous les élèves de ce niveau et ne reçoit que les élèves pour lesquels l’enseignant se pose des questions.