Par Elise Harwal

Extrait du livre 100 idées pour accompagner les enfants dysgraphiques

La graphothérapie est le traitement de la dysgraphie chez l’enfant, l’adolescent ou l’adulte. Autrement dit, c’est la rééducation fine de l’écriture. Elle a pour objectif d’aider le patient à avoir une écriture lisible et rapide (en concordance avec son âge), sans douleur ni fatigue.

Julian de Ajuriaguerra est le premier à avoir donné une définition de la dysgraphie : « est dysgraphique un enfant chez qui la qualité de l’écriture est déficiente alors que généralement aucun déficit neurologique ou intellectuel n’explique cette déficience » .

La dysgraphie peut apparaître à tout moment de la vie (lors de l’apprentissage de l’écriture, lors de la scolarité, plus tard, suite à une pathologie ou à un accident) et être plus ou moins sévère. Elle peut avoir comme origine une mauvaise tenue du stylo, une mauvaise posture, un problème de latéralité, une situation familiale ou scolaire difficile à vivre… Elle peut être un des symptômes d’une dyspraxie, d’une précocité intellectuelle, d’un TDA/H… La dysgraphie peut complexer le  patient et avoir des répercussions sur sa scolarité, son estime de soi et sa confiance, il est donc important de ne pas minimiser le  problème et le traiter. On parle de dysgraphie à partir de 7 ans/ du CE1, quand l’apprentissage de l’écriture est terminé.

À noter : environ 10 % des enfants sont dysgraphiques et 60 % du temps scolaire est en tâche écrite.

Elle fait partie des « troubles dys » tels que la dyslexie, la dyspraxie, la dysorthographie… auxquels elle est fréquemment  associée.

Grâce à l’observation d’une dictée type, le graphothérapeute repère et calcule selon un coefficient précis les caractéristiques enfantines de l’écriture, qu’elles soient de forme ou de mouvement. Ces aspects se retrouvent à des niveaux différents d’une écriture à l’autre. Ajuriaguerra les a classés en 5 catégories :

• dysgraphie raide : caractérisée par une écriture crispée,  anguleuse.

 • dysgraphie molle : caractérisée par une écriture manquant de structure, petite.

 • dysgraphie lente et précise : écriture lente et lisible, mais demandant une application et un effort extrême.

 • dysgraphie maladroite : caractérisée par une écriture retouchée, lourde, désordonnée.

 • dysgraphie impulsive : caractérisée par une écriture rapide, imprécise et illisible.

On distingue de deux causes de dysgraphie :

 • la dysgraphie instrumentale : comme son nom l’indique, elle trouve son origine dans des difficultés instrumentales. Elle peut être due à un trouble de la fonction tonique (raideur, crampe, hypotonie1 …), de la motricité fine (difficultés à dissocier les doigts, à faire des mouvements fins…), de la coordination oculo-manuelle, du schéma corporel, de la structuration spatiale (écriture en miroir, taille des lettres irrégulière…), de latéralisation…

• la dysgraphie réactionnelle : Tajan (1982) a écrit « l’écriture est chargée d’une signification qui dépasse le geste, elle est porteuse de sens, elle possède un contenu qui prend en charge et dépasse le geste ». L’écriture est un moyen de communication, elle est une trace laissée par notre corps. Elle peut refléter un mal-être, une opposition, une défense, un refus de communiquer… Ces troubles réactionnels vont se traduire de manière instrumentale.

Les deux sont liées, car nous utilisons notre corps comme moyen d’expression. Une dysgraphie instrumentale pourra se relationnaliser et au contraire une dysgraphie relationnelle pourra s’instrumentaliser.

Pour mieux comprendre ce que peut éprouver une personne ayant des troubles de l’écriture, écrivez votre prénom avec votre main gauche si vous êtes droitier, et avec votre main droite si vous êtes gaucher. Ce n’est pas si facile : vous êtes moins à l’aise, le geste est moins fluide…

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1. Hypotonie : diminution de la résistance du muscle à son étirement.

Photo : Photo by Jessica Lewis from Pexels