Par Marie-Noëlle Leroux et Monique Touzin.

Extrait du livre 100 idées pour venir en aide aux enfants dysphasiques.

La dysphasie (étymologiquement « parole difficile ») est le terme par lequel on désigne ce que les auteurs internationaux nomment un « trouble spécifique du langage oral ». Ce trouble se manifeste chez les enfants dès le début de l’acquisition du langage, et les difficultés qu’il occasionne vont être durables et sévères. Il se rencontre chez des enfants qui ont envie de communiquer et qui tentent de le faire sur le plan non verbal (en utilisant des gestes par exemple)

Ce sont donc des enfants qui ne souffrent pas de troubles de la communication en elle-même, mais qui souffrent de troubles de son support oral. Ces enfants ne présentent pas non plus de lésions neurologiques ni de troubles sensoriels qui pourraient expliquer leurs difficultés dans le développement du langage. Il n’y a donc pas de pathologie primitive causale au trouble du langage.

Les études neuroanatomiques montrent des atypies dans le développement de certains réseaux neuronaux ou dans les sous-systèmes impliqués dans le traitement de l’information linguistique. Par ailleurs, on note souvent une composante familiale dans l’apparition des troubles du langage.

Ce trouble, qui peut apparaître dans tous les milieux socioculturels et touche les enfants de langues différentes, a des conséquences lourdes sur la vie quotidienne de l’enfant.

Il est parfois difficile de porter le diagnostic au tout début de l’émergence du langage, car il n’est pas alors possible de savoir si l’enfant présente uniquement un simple retard dans le développement ou un véritable trouble.

En effet, le développement du langage ne se fait pas toujours dans les mêmes temps chez tous les enfants. Les parents observent souvent des différences entre leurs enfants : tel frère a parlé tôt, tel autre a marché tard, celle-ci a été un peu plus lente à parler, sans que cela soit aucunement pathologique ou prédictif de difficultés futures car il est naturel que les rythmes d’apprentissages diffèrent d’un enfant à l’autre. Il faut également tenir compte du fait que le développement d’une fonction chez l’enfant se fait le plus souvent par alternances de phases de croissance et de paliers.

Quand il y a un « retard » dans le développement de telle ou telle fonction, la plupart des enfants le rattrapent sans conséquences.

Il en est de même pour le langage. Certains enfants maîtrisent plus tardivement que d’autres les aspects phonologiques, syntaxiques, lexicaux de la langue, sans que cela présente un caractère de gravité et sans que cela ne soit le signe d’une quelconque pathologie. Dans tous ces cas, l’enfant progresse, il suit simplement son rythme et il faut le respecter.

Ce qui doit alerter les parents est l’apparition de particularités dans le langage de leur enfant, de déviances ou l’absence de progrès significatifs sur une certaine période.

Certains de ces troubles peuvent être le signe d’une autre pathologie qu’il convient de rechercher. Des examens médicaux sont alors nécessaires, en tout premier lieu pour rechercher des troubles auditifs, qui peuvent être la conséquence d’otites, très fréquentes chez le jeune enfant.