Par Domitille Gras et Emmanuelle Ploix Maes

Extrait du livre 100 idées pour mieux comprendre ce qu’est l’intelligence

 Un trouble neurodéveloppemental (TND) peut se définir comme un trouble affectant le processus de développement cérébral, conduisant à des difficultés plus ou moins grandes dans une ou dans plusieurs des fonctions cérébrales.

On peut citer principalement parmi ces TND : le trouble du développement intellectuel, le trouble du spectre autistique, le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, le trouble du développement de la coordination, le trouble spécifique du langage oral ou écrit… Ces troubles sont extrêmement fréquents, affectant entre 1 % et 6 % de la population générale, avec un taux plus important de garçons pour la plupart d’entre eux. Cette prédominance de garçons affectés par des troubles cognitifs n’est pas vraiment élucidée. Elle s’explique en partie par le fait que certains gènes impliqués dans les TND se trouvent sur le chromosome X. Or les garçons ne possèdent qu’un seul chromosome X alors que les filles qui en possèdent deux peuvent en inactiver un, et limiter ainsi l’expression de gènes qui auraient été délétères pour leur développement.

Il existe de fortes associations entre ces divers troubles, qui sont rarement isolés ; par exemple association d’un trouble du spectre autistique à un trouble du développement de la coordination, ou à un trouble déficitaire de l’attention et à des tics.

Cela est un argument fort pour la nécessité d’un regard multidisciplinaire sur ces enfants, de façon à tenir compte de toutes les facettes de leurs troubles.

Il ne s’agit donc pas de « maladies », mais de « dysfonctionnements » qui vont entraver la personne dans certaines de ses capacités et son adaptation à l’environnement : être autonome, responsable, gérer son hygiène, faire preuve d’habiletés sociales… L’entrave à l‘autonomie et la restriction de participation à la vie en société définissent le handicap. Si le dysfonctionnement à proprement parler peut perdurer tout au long de la vie et fait partie de la personne, c’est l’impact du dysfonctionnement dans toutes les sphères de sa vie, familiale, sociale, scolaire, professionnelle… qui fait qu’on parle de trouble, plutôt que le dysfonctionnement lui-même. Cet impact dépend du type de trouble, de sa sévérité et des autres troubles éventuellement associés.

Chaque enfant est unique, et sa trajectoire va dépendre de multiples facteurs influant son neurodéveloppement : la courbe des progrès de l’enfant, la façon dont son environnement s’adapte à lui, sa réponse aux prises en charge initiées, la qualité de celles-ci, la pathologie éventuelle dans laquelle s’inscrit le trouble, seront autant d’éléments qui influeront le développement de l’enfant et détermineront son pronostic. Il faut donc se garder d’affirmer un pronostic, mais plutôt préciser aux familles les éléments encourageants et ceux plus préoccupants, en se guidant sur les connaissances médicales et le profil de leur enfant. Cela est d’autant plus vrai quand l’enfant est jeune et que ses troubles sont peu sévères : du fait de la complexité du développement, de son évolution importante au cours des premières années de vie, de l’émergence tardive des fonction intellectuelles complexes, un enfant peut présenter un « décalage global » dans ses acquisitions, avec une marche marquée par des chutes fréquentes et un langage peu intelligible, sans pour autant évoluer vers une déficience intellectuelle ! A posteriori, il pourra s’agir d’un enfant dyspraxique ayant une maladresse et une mauvaise coordination buccofaciale… En outre, il faut éviter d’enfermer un enfant définitivement dans un trouble, et considérer le neurodéveloppement dans sa dynamique tout au long de la vie. Si un adulte n’a plus de conséquences négatives de son fonctionnement « atypique », on ne parlera plus de trouble.

Chez ceux qui ont encore des conséquences de leur trouble, il ne s’agit pas de « séquelles » de maladies de l’enfance, mais bien de l’expression du trouble qui perdure.

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