Par le Pr. Daniel Rigaud
Extrait de l’ouvrage 100 idées pour accompagner votre enfant diabétique.
Le diabète est décrit depuis la plus haute antiquité, dans des manuscrits grecs, égyptiens et même indiens. On a même une description dans un manuscrit chinois datant de 4 000 avant notre ère. Mais ce sont les Grecs, et plus particulièrement Arétée, un médecin grec né en Cappadoce (90 environ avant notre ère) qui donnent à la maladie le nom qui la désigne encore aujourd’hui.
Le mot diabète, qui signifie « siphon », dérive de diabainen (« qui passe à travers, qui fuit au-dehors »). Les auteurs évoquent ainsi la fuite des urines. Tous sont d’accord pour parler d’une maladie rare, mais grave, mortelle en quelques semaines (à l’époque, on ne disposait pas de l’insuline) qui entraîne une importante fuite urinaire, comme s’il existait un siphon qui conduisait toutes les « humeurs » hors du corps. À l’époque, partout dans le monde, les médecins évoquent le goût sucré des urines et leur abondance.
En Inde, au Ve siècle, deux médecins, les docteurs Sushruta et Charaka, utilisent une méthode de diagnostic originale : l’urine des malades attire les fourmis comme le miel (d’où viendra plus tard l’adjectif « mellitus », qui désigne le miel en latin, pour qualifier le diabète).
Il fallut attendre le XVIIe siècle pour observer de réels progrès dans la compréhension du diabète. En 1674, Thomas Willis, en Angleterre, décrit la saveur particulièrement sucrée des urines.
Il renomme la maladie « diabète sucré » (diabetes mellitus). Ce célèbre neuroanatomiste s’intéresse à l’atteinte des nerfs par le diabète (multinévrite diabétique). En 1683, Johann Conrad Brunner, un médecin suisse, eut l’idée d’effectuer une résection du pancréas chez le chien et constata que les animaux, effectivement, étaient pris d’une soif intense et d’une polyurie marquée.
Vers la fin du XVIIIe siècle, deux médecins anglais, Matthew Dobson en 1776, puis John Rollo quelques années plus tard (1797), parviennent à mettre en évidence le sucre contenu dans les urines des malades diabétiques et à suivre l’évolution de la glycosurie (la présence de glucose dans les urines). Ils démontrent de même que, dans le diabète, le sang lui aussi contient une forte concentration de glucose (le glucose est le « sucre de base », de référence). On vient de découvrir l’hyperglycémie des diabétiques.
Ce n’est qu’au XIXe siècle que Claude Bernard, en France, démontre que l’excès de sucre trouvé dans le sang ne provient pas de l’alimentation et que, chez le sujet sain, le taux de sucre dans le sang ne monte pas si haut que dans le diabète et redescend tout seul en quelques heures. Vers les années 1880, on va faire le lien entre le déficit d’insuline et la montée de sucre dans les urines. Vers 1886, J. Von Mering et O. Minkowski mettent en évidence le rôle du pancréas dans la fabrication de l’insuline et le lien entre diabète et déficit en insuline. Ces scientifiques réalisent une ablation du pancréas chez le chien et notent «l’apparition d’une maladie qui s’apparente en tous points au diabète chez l’homme» : perte des urines qui deviennent très abondantes, soif intense, amaigrissement important et rapide, déshydratation et décès.
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