de Gérald Bussy

Extrait du livre 100 idées pour stimuler sa mémoire de travail

Chaque enfant se développe à son propre rythme, quels que soient les domaines, et ce, bien souvent, de manière désynchronisée (tout ne se développe pas à la même vitesse).

Cet axiome est aussi valable pour la mémoire de travail. Tous les enfants n’ont pas les mêmes capacités de mémoire de travail au même âge, sans que cela ne rentre nécessairement dans la catégorie des troubles. Même à l’âge adulte, nous n’avons pas tous les mêmes capacités mnésiques.

Les différentes composantes de la mémoire de travail ne se développent pas à la même vitesse. Un enfant retient (MCT verbale) environ 2 éléments à 2 ans, 5 éléments à 7 ans, 6 éléments à 9 ans et les performances adultes (environ 7 éléments) sont atteintes à l’adolescence. Ainsi, en quelques années, les capacités mnésiques sont multipliées par trois.

Les données scientifiques concernant la MCT visuospatiale sont moins nombreuses et relativement variables. Il semblerait que le développement de la MCT visuospatiale soit plus tardif (5-6 ans) que celui de la MCT verbale (Gaonac’h et Pross, 2005). Toutefois, les performances adultes sont atteintes, en moyenne, vers l’âge de 11-12 ans environ.

Concernant la mémoire de travail, le développement est lent et tardif et suivrait une évolution en plateau plutôt que linéaire, avec des pics vers 4-5 ans et vers 8 ans (Luciana et Nelson, 1998). Il est difficile de donner des chiffres concernant les aptitudes, tant les performances dépendent des tâches utilisées pour évaluer la mémoire de travail.

Les déterminants du développement de la mémoire de travail sont multiples. Certains auteurs évoquent une augmentation de la vitesse de traitement de l’information (plus on traite vite les informations dans un temps donné, plus on traite d’informations) ou encore de l’amélioration des capacités d’attention avec l’âge.

Évidemment, le développement de l’efficacité de la mémoire de travail dépend également des capacités de mémoire à long terme. Or, avec l’avancée en âge, les connaissances et savoirs stockés en mémoire à long terme s’enrichissent considérablement. Si les informations à mémoriser en mémoire de travail sont connues et familières (donc présentes en mémoire à long terme), il sera plus facile de les retenir que des informations jamais rencontrées auparavant.

Le développement des composantes de la mémoire de travail est également dépendant des stratégies utilisées. C’est le cas, par exemple, de la stratégie d’auto-répétition subvocale (qui consiste à répéter dans sa tête les informations pour ne pas les oublier) qui n’apparaît que vers l’âge de 7 ans. Certains auteurs stipulent que le développement de la mémoire de travail est purement quantitatif jusqu’à l’âge de 6 ans puis devient également qualitatif (Gathercole, 1999). Avec l’expérience, les individus peuvent également utiliser les stratégies de regroupement des informations (ex. : si vous devez mémoriser 1-8-7-9-4, vous pouvez regrouper en 18-794, ce qui correspond à ne retenir que deux informations, 18 et 794, au lieu des cinq chiffres), d’associations des informations (ex. : si vous devez mémoriser chat-maison-souris-fenêtre, vous pouvez construire une histoire comme « le chat court après la souris dans la maison, puis elle s’échappe par la fenêtre ») ou d’imagerie mentale (= visualiser dans sa tête les informations données verbalement).

Ainsi, le développement de la mémoire de travail se fait sur un plan quantitatif, mais également sur un plan qualitatif, avec l’apparition progressive de nouvelles stratégies. À un âge avancé, les capacités en mémoire de travail commencent à décliner lentement.

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