Par Domitille Gras et Emmanuelle Ploix Maes.

Extrait du livre 100 idées pour mieux comprendre ce qu’est l’intelligence

Le développement de la motricité d’un enfant, avec ses différentes étapes d’acquisition, est un marqueur essentiel du neurodéveloppement. Le foetus bouge dès le deuxième mois de la grossesse, il a des activités réflexes comme la déglutition dès le troisième mois, puis, au fil de la grossesse, il acquiert des mouvements plus complexes permettant déjà une coordination (toucher son visage avec sa main…).

Après la naissance, le tonus du nourrisson est sous le contrôle de sa maturation cérébrale, qui dépend du bon fonctionnement de son système nerveux : la qualité des muscles ne suffit pas pour qu’un bébé soit tonique. Le nouveau-né, de façon normale, tient mal sa tête et il est recroquevillé, ses membres en flexion.

Son système moteur est principalement sous le contrôle du tronc cérébral et du cervelet, systèmes qui maturent précocement dans la vie foetale. Fondamentaux pour la survie de l’espèce, les réflexes primaires sont présents à la naissance, comme la marche automatique, la succion, l’agrippement. Puis, sous l’effet de la maturation plus tardive et plus prolongée du cortex et de la substance blanche, le bébé gagne en tonus de l’axe, détend et délie au contraire ses membres, permettant ainsi une motricité contrôlée plus précise et rapide. La « prise de pouvoir » par ce système supérieur va entraîner la disparition des réflexes primaires au cours des premiers mois de vie. Ce contrôle des muscles se fait successivement du haut vers le bas du corps, et du plus central au plus éloigné de l’axe (bras —> mains —> doigts). Chaque hémisphère cérébral contrôle la motricité de l’hémicorps controlatéral : le cortex moteur de l’hémisphère gauche contrôle la moitié droite du corps (et celui de l’hémisphère droit contrôle l’hémicorps gauche).

En développant sa motricité, l’enfant augmente ses déplacements, multiplie ses possibilités d’exploration, ses capacités d’action, ses possibilités d’apprentissages. Chaque enfant a sa propre trajectoire développementale, teste diverses possibilités, a son mode particulier de déplacement. Certains passent par un déplacement à quatre pattes, d’autres non. On peut retenir que la tenue de la tête est normalement acquise entre 2 et 3 mois, la station assise entre 5 et 8 mois, la marche entre 9 et 18 mois.

Au sein de notre système nerveux, la communication se fait par l’intermédiaire de petites molécules biochimiques : les neurotransmetteurs. Parmi elles, la dopamine est très importante pour le mouvement : elle le facilite et renforce les actions les plus utiles. À force d’entraînement et au gré de ses apprentissages et de ses expériences, l’enfant développe ses compétences motrices.

Les noyaux gris centraux, qui ont de nombreuses connexions avec le reste du cerveau, vont stabiliser et mémoriser les comportements moteurs bénéfiques, automatiser les séquences motrices utiles, de sorte que certains comportements moteurs ne vont plus requérir d’effort cognitif.

Au début, l’enfant a du mal à inhiber des réponses motrices, car son cerveau – notamment la partie frontale – est encore très immature, puis, au fil du temps, il va apprendre à réguler ses comportements moteur.

 

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