Par René Pry

Extrait du livre 100 idées pour accompagner un enfant avec autisme

Dans la mesure où le diagnostic s’effectue à partir de 30 mois, les chercheurs et les cliniciens ont eu rarement l’occasion d’observer un bébé dont on sait qu’il présentera plus tard un autisme. Il faut donc procéder de manière indirecte. Trois méthodes sont actuellement utilisées pour reconstruire d’histoire du développement des enfants avec autisme, ou pour faire des hypothèses à partir de bébés considérés « comme à haut risque d’autisme ». Ce sont les interviews des mamans (rapports parentaux), l’analyse des films familiaux et l’étude des frères et soeurs cadets des enfants diagnostiqués.

La première méthode nécessite l’utilisation d’un guide d’entretien semi-standardisé (une centaine de questions choisies et fixes) qui dure entre deux et trois heures et doit être conduit par un spécialiste du développement (voir l’entrée ADI* dans le glossaire en fin d’ouvrage). Les mamans se montrent en général de meilleures informatrices que les papas. La deuxième méthode (vidéos tournées à la maison) est liée à l’évolution des pratiques dans l’utilisation des caméras numériques. Techniquement, l’exploitation des films est assez compliquée dans la mesure où il n’y a que peu de standardisation entre les films : c’est bébé au bain, ce sont les scènes d’anniversaire, mais les interactions dans le temps avec un même partenaire sont difficile à comparer.

La troisième méthode, enfin, est assez « coûteuse » en nombre d’enfants, puisqu’en étudiant une centaine de frères et soeurs, on peut envisager que seuls, trois ou quatre présenteront un autisme.

Avant l’âge de 12 mois, les différences constatées par rapport à des enfants au développement typique portent sur la réactivité sensorielle, le déclenchement de mouvements globaux et sur la  flexibilité de l’attention. On remarquera cependant que 40 % des mamans déclarent ne rien avoir remarqué d’anormal avant la fin de la première année.

La réactivité aux stimulations sensorielles est particulière. Elle est de l’ordre de l’hyporéactivité, ou de l’hyperactivité, ou de la recherche de stimulations sensorielles.

Les fonctions motrices peuvent être également atteintes, en particulier dans la qualité de la production des mouvements spontanés lorsque bébé est sur le dos, et de l’organisation du geste.

Cela peut affecter l’anticipation des ajustements posturaux (tendre les bras), se traduire par de l’hypotonicité ou de l’hypertonicité, s’observer à partir de 7 mois dans les coordinations visuomanuelles et dans la planification du mouvement et de l’intention, qui suppose une motivation pour agir et l’organisation de l’action vers un but.

Quant aux difficultés de l’enfant à mobiliser, à coordonner ou à dissocier son attention sur deux tâches à la fois, elles peuvent se manifester par l’absence de « réponse à son prénom », qui laisse à penser à beaucoup de mamans que leur enfant pourrait présenter des problèmes de surdité.

La surprise vient du fait que ces signes semblent peu en rapport avec les altérations de la communication et de la socialisation. Ces derniers apparaîtront un peu plus tard.

Par contre, ces premiers indices perdureront probablement beaucoup plus longtemps, même s’ils peuvent eux-mêmes évoluer et se manifester de façons différentes.

Ce n’est qu’à partir de 12 mois que les indices portent sur la socialisation : difficulté à montrer son intérêt pour un objet convoité, peu de pointage du doigt, des gestes conventionnels assez pauvres (coucou, à moi, au revoir,…), et une exploration des jouets et un jeu qui restent très liés à la fonction des objets, voire seulement d’une de leurs parties.

Entre 18 et 24 mois, et pour beaucoup d’enfants, les signes et les comportements qui permettront d’émettre un diagnostic se stabilisent. Cependant, 23 % des mères disent qu’avant 2 ans, elles n’ont toujours rien repéré. L’ensemble de ces signes sera maximal au moment du diagnostic qui, quant à lui, peut être encore plus tardif.

 

Source: pixabay.com