Par René Pry.
Extrait de l’ouvrage 100 idées pour accompagner un enfant avec autisme.
Il est extrêmement difficile de connaître le pourcentage exact d’enfants avec autisme bénéficiant aujourd’hui d’une inclusion scolaire. Les taux d’enfants non scolarisés oscillent en effet entre 80 % et 10 % selon les différentes sources. Le premier chiffre est donné par certaines associations de parents (on repère facilement l’intérêt des familles à proposer des chiffres forts), le second par une recherche récente effectuée en Languedoc-Roussillon sur des enfants de moins de 5 ans.
On notera, paradoxalement, que cette région est particulièrement mal dotée dans l’attribution des AVS, et que les possibilités de scolarisation y sont limitées au regard de la forte vague migratoire dont elle est le lieu. Il serait aisé de penser que la réalité se situe à mi-chemin entre ces deux chiffres, mais malheureusement c’est surement plus compliqué.
De fait, il est probable que ce taux de scolarisation évolue avec le temps (il augmente d’année en année), qu’il dépende des zones géographiques, des niveaux de scolarisation (maternelle, primaire, collège), des volontés politiques locales et des caractéristiques des enfants et des parents.
En recoupant certaines données, on peut néanmoins penser que, parmi les enfants scolarisés actuellement en maternelle (petit et moyenne section), les modalités sont assez différentes : la moitié des enfants avec autisme bénéficient d’une scolarisation « mixte » (présence d’une AVS pour moitié du temps), et un quart d’entre eux ne bénéficient d’aucune AVS. Seuls moins de 20 %, ne semblent pas bénéficier de la présence d’un tuteur à « temps plein ».
La question la plus importante est bien entendu le temps de scolarisation. Il faudrait aborder ce problème d’un point de vue dynamique. C’est ainsi que le temps de scolarisation devrait être progressivement augmenté pour atteindre, dès que possible, le même volume horaire que celui des autres enfants, dans la mesure bien évidemment où le mode de scolarisation est adapté au niveau de compétence de l’enfant et n’occasionne ni échec, ni souffrance.
Sur cette question de l’entrée progressive en scolarisation, nous ne disposons actuellement d’aucune donnée fiable. Par contre, il est raisonnable d’estimer que la durée hebdomadaire médiane (c’est-à-dire la valeur qui répartit la population scolaire concernée en deux parties égales selon sa durée hebdomadaire d’inclusion) se situe autour de 12 heures (rappelons que le temps de scolarisation à temps plein est de 24 heures). Malheureusement, ces chiffres ne concernent pour l’instant que les enfants scolarisés dans le cadre du préscolaire.
On notera également que, pour cette tranche d’âge, la durée hebdomadaire de scolarisation est liée à plusieurs caractéristiques cliniques et comportementales des enfants. C’est ainsi que la durée de scolarisation augmente avec l’âge chronologique (l’âge réel), et avec les niveaux d’autonomie et de communication. À l’inverse, la durée de scolarisation baisse avec la présence de comportements aberrants (irritabilité, automutilation) et l’intensité du trouble. En revanche, on n’observe pas de lien avec les niveaux de motricité et de socialisation. On notera aussi que ce temps de scolarisation est plus faible pour les enfants dont les parents ont un statut socioéconomique modeste (déciles 1 et 2), ou appartiennent aux catégories socioprofessionnelles inférieures (ouvriers, manoeuvres, petits exploitants agricoles, personnels de service, …). Enfin, la zone d’habitation (urbaine ou rurale) ne présente pas de lien avec la durée de scolarisation. Encore une fois, tout se passe donc pour les enfants inclus en maternelle comme si l’école supportait mal les problèmes de comportement, la faible autonomie au quotidien (la propreté de jour), et qu’elle faisait preuve déjà d’un biais de sélection par rapport au milieu socioéconomique des parents.
Mais n’est-ce pas la même attitude que l’on observe par rapport à tous les autres enfants ?
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