Par le Docteur Alain Pouhet
Extrait de l’ouvrage Question sur les Dys- Des réponses
Les sciences cognitives étudient les structures et les activités psychologiques dont la fonction est la connaissance. Dans le domaine scolaire, la neuropsychologie cognitive s’attache à cerner les processus mentaux mis en jeux dans les tâches d’apprentissage en situation typique1 et en cas d’anomalies, de dysfonctionnements.
En médecine le préfixe dys- indique un dysfonctionnement primitif, intervenant d’emblée, à différencier du préfixe a- (« pas » ou « sans »), faisant référence à la perte de quelque chose d’acquis. L’aphasie représente la perte secondaire du langage oral acquis ; la dysphasie l’anomalie primaire du développement du langage. « Dys- » s’applique donc précisément à la situation de troubles d’apprentissages liés à une défaillance apparue lors du développement (développementale) d’une fonction cognitive. Mais « dys- » renvoie aussi à la notion de « spécificité ».
En situation de troubles spécifiques des apprentissages, les difficultés observées doivent être graves et durables. Lors des évaluations, les résultats de l’élève dys- relèvent des 2 à 5 % les plus faibles dans les domaines considérés.
Cette situation, « spécifique », exclut :
• tout autre mécanisme causal : sensoriel, moteur, neurologique ou encore la déficience intellectuelle2 (la déficience mentale constitue un trouble cognitif global, pouvant, à lui seul, expliquer l’entièreté ou l’intensité des troubles).
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1. Typique est préférable à normal qui réfère à une norme.
2. Les fonctions de raisonnement ne sont pas déficitaires chez les dys- pour
lesquels il convient donc de montrer que l’intelligence « générale » (évaluée
par les subtests dits de facteur g dans les batteries psychométriques) est
préservée.