Par Domitille Gras et Emmanuelle Ploix Maes
Extrait du livre 100 idées pour mieux comprendre ce qu’est l’intelligence
La mémoire, ensemble des informations stockées par notre cerveau, est un élément essentiel de notre intelligence. C’est elle qui nous permet de régler notre comportement en fonction de nos expériences antérieures ! Pour la définir, il faut comprendre qu’il existe différents systèmes de mémoire, chacun faisant appel à des réseaux neuronaux particuliers.
• Notre mémoire à court terme, d’une capacité limitée, est celle qui nous permet de réaliser des tâches cognitives en maintenant en mémoire pendant peu de temps (quelques minutes) de petites quantités d’informations, visuelles ou auditives, le temps de les manipuler (par exemple, calculer mentalement 15+36, retenir le temps de le composer un numéro de téléphone qu’on vient de lire sur une carte de visite). Elle correspond en partie à notre mémoire de travail.
• La mémoire à long terme est celle qui nous permet de stocker durablement des informations et de les restituer parfois des années après ; elle se compose elle-même de deux systèmes, une mémoire implicite (inconsciente) et une mémoire explicite (consciente) :
– la mémoire implicite est celle qui conserve nos habiletés et nos compétences acquises (savoir faire du vélo, lacer ses chaussures…) : c’est une mémoire qui se forme progressivement au fil de nos apprentissages et des expériences répétées, et dont le rappel est inconscient (une fois acquise cette aptitude, nous n’avons plus besoin de réfléchir pour pédaler lorsque nous enfourchons notre vélo).
– La mémoire explicite, ou déclarative, se compose elle-même de deux systèmes qui tous deux nécessitent un rappel conscient : une mémoire sémantique et une mémoire épisodique.
- La mémoire sémantique est celle qui conserve nos connaissances générales sur le monde, comme les visages des personnes célèbres, le fait que Marseille est un port sur la Méditerranée, que tel objet s’appelle une cafetière, etc.
- La mémoire épisodique est celle qui conserve les souvenirs des événements personnellement vécus, situés dans le temps et dans l’espace (où étais-je quand j’ai appris l’attentat contre le World Trade Center à New York ?) Cette mémoire explicite nécessite un rappel conscient. Par exemple, pour récupérer un souvenir, il faut se rappeler consciemment du contexte dans lequel ce souvenir a été gravé : on se souvient d’abord des aspects généraux (c’était l’hiver…), puis de détails plus précis (j’étais à table avec mon frère…), jusqu’à retrouver l’événement. C’est comme un voyage dans le temps. On peut mettre à part notre mémoire autobiographique (le petit déjeuner au cours duquel j’ai appris une nouvelle importante), qui concerne les souvenirs contribuant à notre sentiment d’identité et de continuité, ce qui la distingue de la mémoire épisodique (le petit déjeuner anodin de la veille).
Ainsi, au fil du temps, notre identité n’est pas figée, car nous sélectionnerons différents indices pour retrouver tel souvenir, et donc nous ne restituerons pas tout à fait le même souvenir au gré des années !
En se rappelant un souvenir, on le modifie : c’est la reconsolidation du souvenir. Ce moment où le souvenir est rappelé le rend fragile, particularité qui peut être utilisée en thérapie pour tenter de modifier des souvenirs traumatisants (par exemple, dans les contextes de syndrome de stress post-traumatique).