Par Chloé Croes, Hélène Geurts et Marie-Claire Haelewyck 

Extrait de notre nouveauté 100 idées pour promouvoir l’autodétermination et la pair-aidance

L’empowerment psychologique

Le terme empowerment est de plus en plus utilisé dans la littérature scientifique. Il est fréquemment référé, en français, à la notion de pouvoir d’agir. Au sein du modèle de Wehmeyer et de ses collègues (1996), il est décrit comme psychologique. En ce sens, la personne qui témoigne de comportements autodéterminés s’estime capable de mettre en oeuvre les actions nécessaires pour atteindre l’objectif qu’elle s’est fixé. Pour ce faire, il est donc nécessaire de se projeter dans les résultats et de poser un regard critique sur les ressources disponibles (Wehmeyer, 1999). L’empowerment psychologique est de ce fait le résultat de ce que Zimmerman (1990) appelle un « espoir appris ». Cet espoir suggère que les expériences permettant à la personne de développer son sentiment de contrôle l’aideront à croire en elle et à faire face aux situations problèmes.

Zimmerman (1990) a identifié trois dimensions au contrôle perçu.

– La dimension motivationnelle correspond à la motivation exercer un contrôle sur les événements.

– La dimension cognitive relève du sentiment d’efficacité personnelle. Selon Bandura (1977), ce sentiment d’autoefficacité renvoie aux croyances des personnes quant à leurs capacités à mener à bien des performances. Pour développer ce sentiment, il importe notamment d’expérimenter personnellement des réussites, d’observer le succès de pairs et de recevoir des conseils et encouragements de la part d’autrui.

– La dimension personnelle se réfère au lieu de contrôle (sentiment de maîtrise). Pour Rotter (1966), ce dernier se définit comme la tendance qu’ont les personnes à considérer que les situations qu’elles rencontrent sont le résultat de leurs propres actions (locus interne) ou le fruit de facteurs externes (locus externe) sur lesquels elles n’ont pas ou peu de rôles à jouer.

Notons le lien étroit établi entre la personne, son entourage et son environnement pour témoigner d’autodétermination. En effet, les expériences personnelles de maîtrise, ainsi que les conseils et retours positifs, constituent autant de leviers au fait de poser un regard positif sur soi-même et sur ses propres capacités.

Comment le développer ?

L’empowerment psychologique se réfère aux compétences qui autorisent les individus à avoir confiance en eux pour mener à bien leurs projets, ainsi qu’à la connaissance de leurs droits et leur capacité à les défendre. La personne acquiert la croyance de pouvoir exercer un contrôle réel sur sa propre vie et les événements qui la jalonnent. Développer cet empowerment permet aux individus d’acquérir une meilleure estime d’eux-mêmes, de se donner de la valeur, de s’attribuer leurs propres réussites et d’obtenir un meilleur contrôle sur leur vie.

Afin de développer l’empowerment psychologique dès le plus jeune âge, il faut offrir la possibilité aux personnes d’avoir du contrôle sur une situation donnée. Pour y parvenir, il importe bien sûr qu’elles puissent expérimenter par elles-mêmes et recevoir des feedbacks réguliers. Peu à peu, l’individu va dès lors apprendre à s’autovaloriser et apprécier, de manière juste, la situation vécue. La valorisation provient d’abord de l’autre, pour ensuite être intériorisée.

Afin que la personne puisse se sentir en confiance, il est nécessaire de lui proposer des situations qui relèvent de défis réalisables qui lui correspondent. Ainsi, les proches et les professionnels ont tout intérêt à avoir des attentes réalistes tant sur le plan affectif, social, scolaire que moral. Pour ce faire, il importe de prendre en compte le rythme d’apprentissage ainsi que les habiletés singulières.

Il convient par ailleurs que les individus prennent conscience de leurs droits et puissent les défendre si nécessaire. Pour ce faire, il est possible d’informer, de manière ludique et accessible, les personnes sur les dispositions mises en place pour assurer l’exercice de leurs droits dans leurs contextes de vie. Ainsi, celui qui s’initie à connaître et   reconnaître ses droits et ceux des autres sera davantage à même de les défendre.  Evidemment, ces apprentissages s’affinent au fil de l’expérience acquise.

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