Par Vincent Henry et Christelle Vernhet

Extrait du livre 100 idées pour accompagner les émotions des enfants et des adolescents

Expression d’une émotion

Nous entendons souvent « il fait des colères », « elle se met en colère ». Dans le langage courant, ces expressions sont généralement utilisées pour décrire des comportements plus qu’une réelle émotion. Or, il est important de faire la différence entre les comportements et l’émotion.

Dans certaines situations, la colère de l’enfant est ressentie suite à une vive émotion, qu’elle soit négative (frustration, peur, jalousie, incompréhension, etc.) ou positive (joie, surprise, etc.). Dans les deux cas, cette émotion est si forte que l’enfant ne parvient pas à la gérer. C’est là que peuvent apparaître des comportements problématiques pour les parents face auxquels ils peuvent se sentir démunis.

Imaginez un enfant qui a passé un excellent après-midi en famille au zoo, une sortie qu’il attendait depuis plusieurs mois. À peine sortis du zoo, avant même d’arriver à la voiture, les parents doivent gérer une « colère » démesurée. Les parents pensent alors « mais qu’est-ce que je dois faire pour qu’il/elle soit content(e) ? ». En réalité, dans cette situation, l’enfant est simplement submergé par les émotions. Après avoir ressenti une joie immense de cette sortie, il doit maintenant appréhender la déception liée à la fin de la sortie.

Prendre en compte chacune de ces émotions contradictoires et ne pas les limiter à une simple expression de « colère » permet à l’enfant et aux parents de mieux comprendre ce qui est alors ressenti et exprimé.

Autrement dit, une « colère » d’un enfant est peut-être le reflet d’une émotion précédente, que l’enfant a du mal à réguler. Il est important de remettre les colères des enfants dans leur contexte.

Mode de communication

S’il y a un reproche, c’est qu’il y a un besoin.

Nous entendons régulièrement les mots « crises » ou « caprices ». Ces termes à connotation négative renvoient au fait qu’un enfant exprime son mécontentement par ses comportements ou ses paroles. Si l’on analyse ces situations en se mettant à la place de l’enfant, il exprime une émotion négative face à un refus ou à une demande de l’adulte. Cette

colère a alors pour fonction d’obtenir ou d’éviter quelque chose.

Dans ce type de situation, nous pouvons alors nous

demander si nos attentes de parents sont adaptées, si elles sont bien formulées et si nous accepterions nous-mêmes ce type de demandes ou refus.

Par ailleurs, certains enfants s’enferment dans ce mode de communication, car ils ne parviennent pas à exprimer différemment leurs souhaits. Parfois, on retrouve même ce mode de communication dans l’ensemble de la famille. Avant de chercher à modifier le comportement de l’enfant, il est aussi important de se demander, en tant qu’adultes, comment nous exprimons nos souhaits ou nos désaccords à nos enfants, notre conjoint ou nos propres parents.

Enfin, en tant que modèles, nous pouvons adapter nos

propres réactions face aux demandes et refus qui nous sont formulés et aider nos enfants à exprimer différemment leurs propres émotions.