Par  Julia Boivin

Extrait du livre 100 idées pour promouvoir l’autodétermination et la pair-aidance

Reprendre les rênes de sa vie laissées à d’autres pendant très longtemps n’est pas si facile. D’une part, après avoir longtemps été considéré comme « pas capable », « déficient », « trop fragile », et avoir été éloigné des prises de décisions concernant son propre quotidien, le sentiment de légitimité à s’exprimer, à faire valoir son avis, peut prendre du temps pour s’installer.

De plus, décider pour soi, c’est avoir une préférence, c’est avoir une idée de ce que l’on souhaite, de ce que l’on veut, et ce n’est pas si évident après avoir entendu souvent des proches ou des soignants se positionner à sa place. Choisir, c’est risquer de déplaire à l’autre, ne pas aller dans son sens et, peut-être alors, le décevoir.

Choisir, c’est également prendre une part de responsabilité dans sa vie. Ainsi, ce qui est vécu comme une erreur ou un échec n’est plus imputable seulement aux professionnels et/ou aux proches, mais également à soi-même. Décider, c’est s’engager et donc assumer ce qui en découle. Cela peut effrayer, créer de l’inconfort de devoir répondre de ses choix ou actions posées. Il faut donc savoir entendre que la voie vers l’autodétermination est faite d’étapes, au rythme de chacun, comme il ou elle est. de toutes les fois où l’on a laissé les autres diriger sa vie, où l’on a perdu le contrôle. Cette prise de conscience n’est pas anodine, car elle peut être violente, douloureuse, d’où la nécessité d’un environnement formé et sensibilisé à cette question afin d’accompagner cette transition.

Oser poser des limites, avouer que c’est difficile pour soi, constitue déjà en soi un premier pas vers une connaissance plus fine de ses besoins. Chacun d’entre nous doit rester libre de s’engager dans ce cheminement, d’y marcher à l’allure qui lui convient, de faire des pauses s’il le souhaite et de ne pas être pressé de gagner un idéal d’autodétermination qui n’existe finalement pas.

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