par Doris PerrodinRoberta Poulin et Olivier Revol

Extrait du livre 100 idées + pour accompagner les enfants à haut potentiel

Une identification précoce du haut potentiel intellectuel chez les filles a un effet préventif : elle permet aux parents et aux enseignants de leur éviter des souffrances et de les accompagner au mieux dans leur développement intellectuel et affectif.

Il y a autant de filles HP que de garçons, mais la probabilité de détecter les filles à haut potentiel est plus faible, seules 30 % d’entre elles seront formellement identifiées1. Les critères d’identification appliqués par leur environnement scolaire et familial sont en effet, aujourd’hui encore, majoritairement orientés vers les garçons. Les filles uniques, les filles aînées sans frères ou avec une grande différence d’âge entre elles et leur frère plus jeune ont davantage de chances d’être détectées. L’objectif n’est pas de pousser à l’identification des filles pour atteindre les mêmes quotas que les garçons (ce qui serait discriminatoire en soi). Ce qui importe est qu’elles soient reconnues, comprises et stimuler à leur juste valeur2.

Les filles HP se suradaptent souvent au point d’inhiber leur potentiel. Ce sont des filles « caméléons » : leurs parents et leurs enseignants ont l’impression qu’elles « vont bien ».

Elles sont appliquées, ont de bons résultats scolaires et semblent bien intégrées. En classe, elles s’occupent, dessinent et lisent souvent pendant de longs moments, ne dérangent pas les cours et ne donnent pas l’impression de s’ennuyer. C’est pour cette même raison que les filles sont toujours minoritaires dans les regroupements d’enfants à haut potentiel et dans les programmes d’excellence.

À l’adolescence, les filles douées sont encore plus difficilement détectées, car elles ont tendance à nier leur potentiel afin de maintenir leurs interactions sociales et d’être acceptées par leurs pairs. Plus elles grandissent, plus elles cachent leur exceptionnel potentiel intellectuel.

Manquant de confiance en elles, les filles HP pensent échouer là où les garçons du même âge sont convaincus de réussir. Perfectionnistes, elles évitent de prendre des risques et se privent ainsi d’expériences riches et stimulantes. C’est souvent à l’âge adulte et après des années de souffrance que le diagnostic du haut potentiel est posé et leur apporte enfin une explication.

Les parents et les enseignants peuvent éviter de telles souffrances en partageant régulièrement leurs observations respectives, afin de réagir à des changements significatifs d’attitude et de comportement chez des filles jusque-là sans problèmes scolaires apparents (par exemple en proposant un bilan psychologique). Les filles HP ont besoin d’autant d’attention que les garçons pour s’épanouir et développer harmonieusement leurs capacités intellectuelles et affectives.

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1. K.A. Heller, « Geschlechtsspezifische Ergebnisse zweier Langzeitstudien zur Hochbegabung », dans W. Wieczerkowski et T. Prado (éd.), Hochbegabte Mädchen, éditions Bock, 1990.

2. D. Perrodin, Douée ? Moi ? Haut potentiel conjugué au féminin, éditions ASEHP, 2018.