Par les ergothérapeutes Gwendoline Janot et Juliette Lequinio
Extrait du livre 100 idées pour développer l’autonomie des enfants grâce à l’ergothérapie
Dès les premiers mois, le jeu est la principale Occupation de l’enfant. Le jeu de « coucou, caché » est une belle illustration de cet engagement, le bébé pouvant y jouer inlassablement avec un proche.
L’Académie Américaine de Pédiatrie définit le jeu comme « une activité naturellement motivante, impliquant un engagement actif de la personne, dont il résulte des découvertes intéressantes pour lui. Le jeu est donc une action volontaire, qui n’a pas d’objectifs autres que d’être amusant et spontané. Il permet aussi d’expérimenter, de prendre des risques et de tester ses limites » . Le jeu est donc une Occupation indispensable pour le développement de l’enfant !
Leo, 10 mois, met un pompon dans un rouleau de carton, il va montrer la même excitation à chaque fois qu’il le verra tomber de l’autre côté. Il s’engage activement dans son action : il va peutêtre chercher le regard de ses parents pour les inviter à se joindre à son plaisir, et va peu à peu construire un jeu plus complexe en mettant d’autres objets à sa portée dans le rouleau. Cette action, qui peut paraître anodine, est en fait une expérience ludique pour l’enfant et une base de construction d’expériences plus complexes. Le jeu, c’est une histoire sérieuse pour les enfants.
Le développement du jeu
Le développement du jeu de l’enfant se déroule tout au long de l’enfance. Voici quelques étapes-clés :
• De 0 à 1 an, le jeu est principalement exploratoire et sensori-moteur, avec les parents ou les proches. Les jeux ont souvent lieu dans les bras ou avec le parent près de lui. L’enfant commence par des échanges de regards, des babillements, puis son jeu se construit petit à petit avec des échanges vocaux et avec des objets.
• Entre 1 et 2 ans, le jeu devient un peu plus complexe, avec toujours des jeux exploratoires et sensori-moteurs, mais auxquels s’ajoutent des jeux plus fonctionnels, avec des relations de cause à effet et l’utilisation des objets pour ce qu’ils sont (prendre un verre pour faire semblant de boire). Le jeu de « faire semblant » émerge.
• Entre 2 et 5 ans, le jeu tend à se complexifier progressivement. De courtes séquences de jeu deviennent des scénarios plus complexes. Le jeu de construction se développe, et les jeux de faire semblant deviennent plus créatifs (la tasse devient un porte-voix et le carton un bateau de pirates par exemple). Les interactions sociales deviennent plus élaborées, avec d’abord le jeu parallèle (il joue à côté des autres) puis le jeu de collaboration.
Le jeu n’est ainsi pas nécessairement une activité dirigée par l’adulte, et il sera d’autant plus plaisant pour l’enfant si c’est lui qui le dirige. Le jeu est une question de contexte, d’opportunité, de curiosité, bien davantage que de matériel à disposition, même si celui-ci y contribue.
Le jeu dans le développement atypique
Lorsque l’enfant a des besoins particuliers ou est porteur d’un handicap, il aura moins d’opportunités de jeu du fait de ses limitations physiques, sensorielles, cognitives et/ou de communication. L’environnement pose ses contraintes également : le temps dédié aux soins quotidiens est plus long, le nombre de rendez-vous hebdomadaires chez les différents professionnels peut être important, les partenaires de jeux moins nombreux, ou encore les jeux moins accessibles en raison de leurs difficultés sensori-motrices ou cognitives. L’enfant aura alors un accès plus difficile à cette Occupation fondamentale et indispensable à son développement.
En ergothérapie, le jeu peut être un moyen d’intervention (jouer pour améliorer une compétence), mais c’est aussi un but en soi (améliorer la participation et les compétences du joueur).
Notre mission auprès de vous, parents et enseignants, sera de vous aider à garder autant que possible un équilibre permettant à l’enfant d’accéder aux activités ludiques, et de développer ses compétences indispensables à son développement.
Il est important en tant que parent ou professionnel d’observer le type de jeu de l’enfant et la façon dont il y participe. Une période de jeu libre est, par exemple, pleine d’informations !
• Ses jeux sont-ils variés ou répétitifs ? S’intéresse-t-il à la nouveauté ?
• Joue-t-il seul, à côté des autres ou en collaboration ?
• Combien de temps reste-t-il concentré ?
• Est-il capable de finir l’activité ou passe-t-il rapidement d’un jeu à l’autre ?
• Demande-t-il de l’aide à ses pairs ou à un adulte pour résoudre un problème, ou va-t-il s’agacer lorsqu’il ne trouve pas de solution ?
• Est-il capable de suivre plusieurs actions et de construire un scénario cohérent ?
• Franchit-il toutes les étapes, ou en évite-t-il certaines en demandant de jouer à sa place ?
N’hésitez pas à noter vos observations dans un cahier, ceci aidera les professionnels dans leur démarche diagnostique ou dans leurs interventions et recommandations.
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