Par Lise Degenne

Extrait du livre Entretenir le lien avec nos aînés en perte d’autonomie

Nous devons redonner leur place à nos aînés, tenir compte de leur identité, de leurs besoins et de leurs envies.

Nos aînés doivent être au centre de la stimulation que nous imaginons puis proposons pour maintenir leurs capacités cognitives, motrices et relationnelles.

Pour ce faire, il est indispensable de s’intéresser à eux ! Connaître leur histoire vous permettra de mieux comprendre leurs réactions, leurs émotions, leur façon d’être face à eux-mêmes et face au monde. Cela vous permettra également d’ajuster au mieux vos stimulations pour obtenir leur adhésion et donc leur participation lors de vos séances.

Intéressez-vous à leur enfance, à leur(s) lieu(x) de vie, à leur famille, à leur(s) métier(s), à leurs loisirs, à leurs anciennes habitudes de vie, à leurs plus grandes joies, à leurs plus grandes fiertés, à leurs passions.

S’ils ne sont pas en mesure de vous répondre du fait de troubles mnésiques, renseignez-vous auprès de leurs proches. Toute information peut donner du sens à vos observations.

Par exemple, une dame de 102 ans devenue malvoyante, avec des troubles cognitifs importants et une capacité relationnelle devenue très réduite, faisait par période (et de manière alors incessante) de grands gestes amples et coordonnés avec ses bras, et des mouvements* très fins associés au niveau de ses doigts. Dans ces moments, elle se coupait de toute interaction et du monde extérieur.

Nous avions dans un premier temps interprété qu’elle reproduisait sans doute un geste de tissage ancré dans sa mémoire procédurale après l’avoir répété pendant des années (enfiler un fil, tirer le fil, le faire passer d’un endroit à un autre). Mais nous nous trompions.

Dans un jour de lucidité, elle est parvenue à expliquer son métier : madame était charcutière et confectionnait souvent des saucisses. Elle reproduisait donc le geste d’enfiler le boyau sur l’appareil, puis celui de tenir la saucisse tout au long de son bourrage, et enfin celui de la tourner pour la fermer à la taille souhaitée.

Une fois les premiers éléments biographiques recueillis, vous pourrez. commencer à orienter vos séances, et vous en apprendrez davantage au fil du temps. Cela vous permettra de les enrichir et de les varier.

Photo de Andrea Piacquadio