Par Brigitte MAHILLON & France TILLIEU
Extrait du livre 100 idées pour enseigner la grammaire autrement
La grammaire est l’ensemble des outils inventés par les humains pour qu’ils puissent organiser leur pensée et communiquer entre eux.
Les enfants l’apprennent de manière informelle au fur et à mesure qu’ils grandissent. D’abord au sein de leur famille, ensuite hors de celle-ci. Bien avant d’aborder la grammaire à l’école, ils utilisent les règles sans les avoir explicitement formalisées.
Il y a plusieurs types d’approche, dont trois que nous comptons privilégier ici :
1. Le point de vue du fonctionnement oral et écrit : on fait alors de la grammaire linguistique, de la grammaire raisonnée. On considère la langue comme un mécano. On la démonte, on la remonte. Le sens a peu d’importance. Comme matériel, on proposera le plus souvent des phrases.
2. Le point de vue du sens : dans un contexte, comme outil de communication et dans ce cas on fait de la grammaire sémantique. Comme matériel, on proposera plutôt des textes.
3. Le point de vue du code de l’écrit : on fait de la grammaire orthographique.
Lors de chaque activité, il est important de dire à l’enfant quel point de vue on lui demande d’adopter, afin qu’il ne mélange pas sens et structure.
Pourquoi enseigner la grammaire ?
Alors que dans de nombreux pays, notamment chez nos voisins les Anglais, cette discipline n’est même pas enseignée en classe, pourquoi enseigner la grammaire ?
– parce que les règles d’orthographe de la langue française sont nombreuses et complexes ; mais aussi et surtout :
– pour permettre à l’enfant de réfléchir sur sa propre langue, partie intégrante de lui-même
– pour l’inciter à observer sa langue comme un petit grammairien, avec un regard distancié, à examiner un texte ou une phrase comme un objet ;
– pour comprendre et non seulement apprendre la grammaire.
Et, de manière plus générale :
– pour l’inciter à adopter et à développer une attitude de réflexion scientifique ;
– pour développer son esprit critique ;
– pour développer ses capacités d’abstraction.