Par Domitille Gras et Emmanuelle Ploix Maes
Extrait du livre 100 idées pour mieux comprendre ce qu’est l’intelligence
La prise en charge doit reposer sur une approche pluridisciplinaire : informations claires et détaillées sur le trouble données à l’enfant et sa famille, bonne liaison avec l’école pour guider les aménagements recommandés, suivis rééducatifs selon les profils et les besoins identifiés, suivi psychologique, prise en charge comportementale, guidance parentale, groupe d’entraînement aux habiletés parentales… Les soins de type remédiation cognitive reposent sur des exercices répétés d’entraînements cognitifs, pour augmenter les compétences peu maîtrisées. Il semble judicieux de réserver aux plus âgés ce type d’approche, nécessitant un lourd investissement en temps et dont le succès semble corrélé au niveau cognitif du sujet. Il n’est d’ailleurs pas certain à l’heure actuelle que les acquis de ces remédiations puissent se généraliser dans des contextes nouveaux ni que les effets obtenus persistent dans le temps. Une autre approche, le neuro-feedback, peut reposer sur des jeux vidéo corrélés au niveau d’attention, et dans lesquels pour gagner l’enfant doit activer ses zones attentionnelles.
Enfin, les pratiques de type hypnose peuvent être également intéressantes chez ces enfants. Comme l’ont démontré des études nombreuses et solides, le traitement médicamenteux par méthylphénidate est remarquablement efficace : il augmente les capacités d’attention de l’en fant, diminue son agitation (d’où la fausse idée qu’il l’assomme alors qu’en réalité il « l’éveille » et ainsi indirectement limite son besoin de bouger !), réduit son impulsivité et améliore ses relations sociales. Connu et prescrit maintenant de très longue date, ce médicament n’entraîne pas d’accoutumance : son effet est symptomatique le temps de la prise, c’est-à-dire que tant qu’il agit dans la journée, le niveau d’attention monte et le soir l’enfant retrouve son degré d’inattention habituel. Bien sûr, il n’est pas anodin de prendre un médicament quotidiennement, durant plusieurs mois ou plusieurs années, et il ne s’agit pas de traiter par médicament tous les enfants présentant un trouble déficitaire de l’attention. La décision doit être soupesée au cas par cas et relève au final du patient et de sa famille, une fois qu’ils auront été bien informés.
Il est certain que la stabilité de comportement exigée dans notre société et notre école est peu compatible avec le fonctionnement de ces enfants porteurs d’un TDA/H… Il faut donc peser l’indication médicamenteuse et la réserver lorsque, en dépit de la bonne mise en place des prises en charge, les conséquences du trouble sont délétères pour l’enfant, notamment en termes d’apprentissages, mais aussi bien sûr de fonctionnement social et affectif.
Le pronostic dépend de l’intensité du trouble, de sa forme, du niveau intellectuel de l’enfant, des éventuelles comorbidités associées, qui peuvent être nombreuses (dyspraxie, dyslexie, trouble du spectre autistique…), de la précocité du diagnostic et des prises en charge effectuées. Comme tout trouble neurodéveloppemental, il faut bien tenir compte qu’il va continuer à évoluer tout au long de la vie, contrairement à la fausse promesse parfois donnée qu’il « disparaîtrait » à l’âge adulte. En fait, environ deux tiers des adultes ont un trouble persistant. Mais un jeune adulte porteur d’un trouble attentionnel peut en faire une force, s’il s’appuie sur les points forts que sont sa créativité, ses facultés à impulser un projet et être moteur au sein d’un groupe, et s’il peut s’épanouir dans une activité professionnelle dans laquelle il trouve suffisamment de diversité et d’autonomie en termes de responsabilités et de gestion du temps…
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