de Karine Rapold

Extrait du livre Parents d’enfants avec un TDAH

Selon une étude dirigée par le pédopsychiatre Dr Michel Bader, en Suisse le TDAH concerne au moins 4 % des enfants et adolescents en âge scolaire1.

En voici une définition :

Le Trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité est un trouble neurologique qui entraîne des difficultés à moduler les idées (inattention), les gestes (bougeotte) et les comportements (impulsivité).2

Le TDAH se manifeste donc par :

1. L’inattention : facilement distrait, l’enfant est dans la lune, rêve et a de la peine à faire deux choses à la fois. Il oublie constamment ce qu’il voulait faire ou la consigne qu’il avait entendue.

2. L’hyperactivité qui se manifeste à trois niveaux :3

• moteur : l’enfant bouge en continu.

• cognitif : l’enfant est assailli par des pensées et il a de la peine à se focaliser sur une chose, ainsi qu’à être attentif.

• verbal : l’enfant est un véritable moulin à paroles et n’arrive pas à s’arrêter.

3. L’impulsivité ou la difficulté à « freiner », c’est-à-dire ne pas arriver à se retenir. Il peine à attendre son tour, coupe la parole, parle ou agit sans réfléchir. Cette impulsivité rend aussi difficile la capacité d’apprendre de ses erreurs ou de réaliser la conséquence de ses actes.4

Il semble que le trouble soit causé par un fonctionnement différent dans la zone frontale du cerveau. L’activité électrique dans cette zone est plus faible que la moyenne. Ce trouble peut être transmis par voie héréditaire5.

Le Dr Barkley est encore plus précis dans sa définition :

Le TDAH est un trouble développemental du self-contrôle qui se manifeste par une difficulté d’attention, une difficulté à contrôler l’impulsivité et le niveau d’activité. Il n’y a pas de signe extérieur qui montre le dysfonctionnement du système nerveux central ou du cerveau. Cependant, les recherches démontrent que c’est une imperfection du cerveau qui provoque le mouvement en continu, l’impulsivité et la distractibilité6.

Colette Sauvé, travailleuse sociale et thérapeute familiale, souligne que : Pour la plupart des personnes atteintes, cette dysfonction cérébrale cause du tort dans le développement ainsi que dans le déroulement des activités quotidiennes, tout comme dans le mode de vie, les relations personnelles, la vie familiale, le rendement scolaire, l’autonomie, la capacité de subvenir à ses propres besoins ainsi que l’adaptation à des normes sociales7.

Une des explications de ces difficultés rencontrées dans la vie quotidienne est probablement liée au déficit de certains neurotransmetteurs. Les chercheurs ont observé que la noradrénaline et la dopamine sont en quantité réduite. Plus précisément, la noradrénaline a la fonction de « socialisateur ».

Pour Brigitte Boussuat, autrice et conférencière, et Jean Lefebvre, docteur en sciences de l’éducation, la noradrénaline « est impliquée dans la modulation de l’attention, du sommeil, dans l’apprentissage, dans la sociabilité et dans la sensibilité aux signaux émotionnels de récompense ». La dopamine, quant à elle, « intervient dans le contrôle du mouvement et de la posture, elle module l’humeur et joue un rôle dans l’apprentissage »8.

La littérature spécialisée, évoque également des fonctions exécutives du cerveau (FE) qui peuvent être déficientes lors d’un TDAH. Ce qui explique pourquoi les enfants peuvent avoir une attention sélective (c’est-à-dire, se concentrer sur certaines tâches, mais pas sur d’autres), ou alors pourquoi l’impulsivité prend le dessus, encore et encore, même dans une situation qui a été vécue de multiples fois.

Ce sont les fonctions cognitives responsables de la régulation de la pensée et des comportements qui permettent d’accomplir une tâche complexe ou nouvelle, affirme André Plamondon, professeur en sciences de l’éducation.

Les FE permettent d’adopter des comportements adéquats pour une situation donnée plutôt que d’adopter nos instincts naturels. Autrement dit, elles nous permettent de contrôler volontairement notre comportement et nos pensées au lieu d’être sur le « pilote automatique ». Être attentif pour écouter une émission qui nous intéresse ne requiert donc pas les FE, alors que rester attentif en classe lorsque le contenu nous intéresse peu requiert les FE.9

Il est très important de préciser également que le TDAH se manifeste de manière très différente d’une personne à l’autre. Il n’y a pas qu’un trouble de l’attention, mais une multitude10 ! Certaines personnes sont touchées de manière plus importante que d’autres. Certains n’ont que la composante de l’inattention, alors que d’autres encore présentent les trois aspects. Le vécu au quotidien sera alors différent d’un cas à l’autre. Dans notre famille, nous sommes touchés par les trois aspects du TDAH (inattention, impulsivité et hyperactivité), et nous réalisons que la plus grande faiblesse se situe au niveau de l’impulsivité tant motrice qu’émotionnelle.

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1. https://www.aspedah.ch/TDAH/le-TDAH.html

2. http://www.attentiondeficit-info.com/trouble-deficitaire-attention.php (Certainement l’un des meilleurs sites concernant le trouble de l’attention, il s’agit du site du Dr Annick Vincent.)

3. Dr Anne Gramond, Mon P’tit cahier : mon enfant hyperactif, p.12.

4. Dr Anne Gramond, Mon P’tit cahier : mon enfant hyperactif, p.12-13.

5. Colette Sauvé, Apprivoiser l’hyperactivité et le déficit d’attention, p. 18.

6. Russell A. Barkley PhD, Taking charge of ADHD, p.19.

7. Colette Sauvé, Apprivoiser l’hyperactivité et le déficit d’attention, p. 17.

8. Brigitte Boussuat et Jean Lefebvre, Former avec le funny learning, p. 21-22.

9. Plamondon André, Les fonctions exécutives et le TDAH in Foucade, vol. 19, no 2, juin 2019. p.10.Ariane Hébert, TDA/H, la boîte à outils, p.13.
10.Ariane Hébert est une psychologue québécoise, autrice de plusieurs livres sur le TDAH et l’anxiété.