Par Elise Harwal

Extrait du livre 100 idées pour accompagner les enfants dysgraphiques

Ce qu’on entend souvent dire par les parents et par les enseignants est qu’il faut que l’enfant lise pour améliorer ses compétences en orthographe.

Toutefois, les études ne confirment pas entièrement cette affirmation.

Il est clair qu’il existe une corrélation entre les performances en lecture et en orthographe : les bons lecteurs sont souvent de bons orthographieurs. Cela est d’ailleurs logique si on considère que lecture et transcription reposent sur un socle de connaissances communes : essentiellement, la connaissance des lettres et des sons, et la constitution d’un lexique orthographique. En lisant, l’enfant déchiffre tout d’abord le mot, et, après l’avoir rencontré plusieurs fois au cours de ses lectures, va le reconnaître de plus en plus rapidement. Tout se passe comme s’il avait appris à reconnaître la forme globale du mot sans être obligé de repasser par le déchiffrage. On considère alors que le mot fait partie de son lexique orthographique. Mieux le mot est déchiffré, mieux il est ensuite mémorisé.

Notre orthographe ne respecte pas toujours la phonologie (mots irréguliers comme monsieur) et, dans d’autres cas, l’orthographe ne se limite pas à la phonologie (cas des lettres muettes comme dans doigt). La phonologie n’est donc pas une condition suffisante, mais elle sert de base à l’apprentissage. Ensuite, l’enfant va parfaire son orthographe en ajoutant à ses productions les particularités orthographiques qu’il a repérées dans le mot, sans tout de suite les mettre dans le bon ordre. Ainsi, il va d’abord écrire « iver », puis « ihver », puis enfin hiver. En lisant, il repère donc des indices orthographiques, même s’il ne les met pas immédiatement à la bonne place lors de la transcription.

Ce que l’enfant repère par la pratique de la lecture, ce sont certaines particularités de l’orthographe. C’est un apprentissage implicite. Par exemple, les enfants repèrent très tôt que le son /o/ ne s’écrit pas « eau » en début de mot, alors que cette graphie apparaît souvent en fin de mot. Ils apprennent donc des séquences de lettres fréquemment associées qu’ils peuvent ensuite utiliser dans leurs transcriptions en les généralisant à des mots non encore connus : sachant écrire chapeau, ils vont en déduire l’orthographe de couteau, de bateau et de drapeau. Mais évidemment, l’échec survient avec les mots qui ne répondent pas à cette règle statistique (comme boyau, landau ou noyau) !

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