Par Marie Costa
Extrait du livre 100 idées pour éviter les punitions 

« Punir n’est pas manifester son autorité. Nous punissons par manque d’autorité. », Isabelle Filliozat

« Mes enfants sont infernaux. Ils n’écoutent rien et même les punitions ne marchent pas. Le petit dernier est vraiment têtu et il tape tout le monde. Il hurle du matin jusqu’au soir, et même quand je lui explique pourquoi il est puni, il me répond. Les fessées ne lui font rien. C’est vraiment très dur pour moi, car à part cela, ce sont mes amours, mes fils. », Anne, maman de Léo 3 ans ½ et Victor 5 ans.

Pourquoi les punitions qui semblent être efficaces à court terme ne fonctionnent pas à long terme, l’enfant recommence ou pire, aggrave son comportement ?

Voici 6 éléments de réponses possibles.

1. L’exaspération rend la punition irrationnelle.

« Cela fait dix fois que je te dis de ne pas toucher le vase de grand-mère ! »

Le parent est souvent fatigué et à court d’idées pour stopper le comportement inapproprié de son enfant. Il semble avoir tout tenté avant de sévir en donnant une punition. Cette dernière tombe alors sans avoir été réfléchie ou anticipée. Pas toujours en rapport direct avec le comportement qui pose problème, elle est bien souvent disproportionnée.

2. On s’attaque à la conséquence, mais pas à la cause.

« Tu es toujours en train de te battre avec ta soeur. »

La punition intervient généralement après avoir tenté d’autres méthodes comme : s’être fâché, avoir grondé, menacé, sermonné, crié…

Elle agit sur les conséquences, mais pas sur la cause de la difficulté. Tant que le problème n’aura pas été résolu, l’enfant risque de recommencer.

3. Quand le chat n’est pas là… les souris dansent.

« Tu profites de ce que j’ai le dos tourné pour faire une bêtise. »

L’enfant est puni sans plus d’explications, sans pouvoir réfléchir à son acte et à ses conséquences. L’enfant souvent puni a tendance à être dans la provocation lorsque ses parents ne sont plus là pour le surveiller. Il ne se sent pas responsable, il ne va pas chercher à « s’autodiscipliner », mais au contraire va profiter de l’absence du parent pour transgresser les limites.

4. Sous l’effet du stress, l’enfant ne peut pas réfléchir.

« Va réfléchir dans ta chambre. »

L’enfant ressent des émotions fortes comme la honte et la colère qui déclenchent du stress et l’empêchent de raisonner. Incapable de réfléchir, car ses idées se brouillent, il ne se souviendra que de la crainte et de l’emportement.

5. Le sentiment de honte est contre-productif.

« Tu as vu ton bulletin ? Tu es vraiment nul, tu as vu les notes que

tu as ce trimestre ? »

Selon Catherine Gueguen 1 : « Le stress peut diminuer, voire détruire des neurones dans l’hippocampe et altérer même les

capacités d’apprentissage, la mémorisation et la réflexion de l’enfant », ceci est l’inverse du but recherché.

6. La perte de crédibilité et d’autorité.

« De toute façon, je m’en fiche de cette punition. »

L’inefficacité des punitions oblige alors les parents à surenchérir : ils confisquent le téléphone, puis interdisent les sorties et enfin suppriment l’argent de poche, etc. L’enfant ou l’adolescent va se protéger de toutes ses conséquences négatives en affichant un détachement face aux événements en pensant : « Même pas grave, même pas mal. »

Thomas Gordon 2 récapitule dans un tableau les sentiments et les réactions que l’enfant peut ressentir lorsqu’il est puni :

Pour quelles raisons avez-vous déjà eu recours aux punitions ?

  • Mon enfant n’en fait «qu’à sa tête».
  • Il me répond.
  • Il conteste tout ce que je dis.
  • Il négocie les règles.
  • Il accumule les bêtises.
  • Il me dit non.
  • Il ne sait pas obéir.

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1. Gueguen, C. (2014). Pour une enfance heureuse. Paris : Robert

2. Laffont.Gordon, T. (2013). Éduquer sans punir. Apprendre l’autodiscipline aux enfants. Paris, Marabout.

Photo by Kat Jayne from Pexels