Par Monique Touzin
Extrait du livre 100 idées pour venir en aide aux élèves « dysorthographiques »
De l’univers oral, du parler et du raconter, l’enfant en entrant à l’école va devoir basculer dans l’univers de l’écrit, du lire et du transcrire. Les mots sont les mêmes, les conditions sont différentes.
D’articuler les mots les uns après les autres, il va passer à laisser une trace qui les représente, les uns derrière les autres.
Le continuum sonore va se transformer en séquences écrites, avec ses nouvelles contraintes : respecter l’ordre d’écriture de gauche à droite et de haut en bas, séparer les mots par des blancs, tracer les lettres de façon conventionnelle, les enchaîner dans le même geste graphique, apprendre toutes les règles conventionnelles, plus ou moins justifiées, qui gèrent cette orthographe pour enfin entrer dans la communauté des gens qui écrivent et se comprennent par écrit.
L’accès à cette symbolisation écrite du langage oral n’est pas simple. Beaucoup de contraintes y sont liées. L’enfant va devoir accepter beaucoup de nouvelles règles, acquérir beaucoup de nouvelles connaissances, réorganiser plusieurs de ses perceptions.
Il faut comprendre que le passage de l’oral à écrit consiste à opérer une symbolisation du langage visant à transformer des productions sonores qui s’écoulent dans le temps en productions écrites, donc visuelles, qui s’ordonnent dans l’espace. L’enfant passe d’un monde auditif temporel, à un monde visuel spatial. De quoi en dérouter plus d’un et qui nécessite une bonne dose de compétences et de patience !
D’autant qu’alors qu’il est acceptable de prendre quelques libertés à l’oral, la forme écrite ne tolère aucun écart : toute imperfection est repérée et reprochée.
Pour savoir écrire il faut donc que l’enfant puisse symboliser le langage oral. Mais il faut aussi qu’il mémorise les formes orthographiques, qu’il fasse le lien entre le mot oral, sa forme écrite et son sens. Et ce n’est pas tout, car une fois qu’il sait écrire le mot, il faut qu’il le garde en mémoire et puisse l’évoquer quand il en a besoin, c’est-à-dire qu’il puisse retrouver rapidement les lettres qui le composent.