Par Domitille Gras et Emmanuelle Ploix Maes

Extrait du livre 100 idées pour mieux comprendre ce qu’est l’intelligence

En premier lieu, il faut écarter un problème d’audition. Un bébé trop calme, un arrêt des vocalises, une absence de réactions aux bruits, des troubles du comportement ou des difficultés s’apparentant au trouble du spectre autistique peuvent être autant de signes d’alerte devant faire songer à un trouble de l’audition. En France, le dépistage de l’audition à la naissance est systématique, mais une surdité peut apparaître par la suite à tout moment (par exemple, du fait d’otites à répétition), c’est pourquoi il faut tester systématiquement l’audition devant un trouble du langage. Certains enfants sont particulièrement à risque : enfants nés prématurément, ayant présenté une infection foetale ou une méningite bactérienne.

Le retard simple de langage est un retard léger, isolé, portant plutôt sur l’expression chez un petit enfant montrant par ailleurs de bonnes aptitudes de communication. Si au contraire l’enfant présente un trouble important du langage en dépit d’une bonne audition, on évoquera alors un trouble neurodéveloppemental pouvant s’intégrer dans divers troubles : retard global, trouble spécifique du langage, trouble du spectre autistique, pathologie neurologique affectant le langage comme certains types d’épilepsie, et enfin trouble psychoaffectif comme une carence affective majeure.

C’est pourquoi tout enfant présentant un trouble du langage doit bénéficier d’un examen clinique complet de son neurodéveloppement, et tout particulièrement de la qualité de sa communication

et de ses interactions sociales. En l’absence d’un trouble auditif et d’une maladie neurologique particulière, un trouble spécifique du langage oral sera évoqué chez un enfant ayant de bonnes interactions sociales et des compétences non verbales préservées.

Un bilan en orthophonie doit systématiquement être proposé chez un enfant ayant un trouble du langage : dès 2 ans, on peut proposer un bilan et une guidance si le retard de langage est avéré, et initier si besoin une rééducation orthophonique.

En cas de trouble spécifique du langage oral, la prise en charge orthophonique doit être précoce, intensive et prolongée. Elle utilise des modalités visuelles : s’appuyer sur le geste, les images, puis la lecture (pour celle-ci, la correspondance graphème/phonème peut également s’appuyer sur le geste).

Dans ce contexte, un bilan neuropsychologique est important, avec une évaluation du niveau intellectuel, de l’attention, des praxies et de la dimension psychoaffective. Plus de la moitié de ces enfants auront une dyslexie. 40 % des enfants porteurs d’un trouble spécifique du langage oral ont un langage fonctionnel à 6 ans, mais avec une persistance par la suite de troubles subtils du langage oral et de troubles de la lecture, puis à l’âge adulte de difficultés d’élaboration et un manque d’informativité.

En cas de bilinguisme au foyer, il n’est pas recommandé d’inciter les parents d’un enfant ayant un retard de langage à renoncer à l’une des langues : chaque parent doit pouvoir parler à son enfant dans sa langue maternelle ; le bilinguisme n’aggravera pas le trouble du langage de l’enfant, d’autant qu’il a souvent une importance affective et culturelle pour les parents.

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