Par Francine Lussier.
Extrait du livre 100 idées pour mieux gérer les troubles de l’attention.
Puisque le TDA/H relève de facteurs neurochimiques, les manifestations des symptômes ne résultent donc pas de prétendus caprices ou de la personnalité de l’enfant, pas plus que d’une mauvaise éducation. Depuis maintenant un grand nombre d’années, on parvient à diminuer jusqu’à 80 % des symptômes avec une médication appropriée. Le phénomène est plus répandu en Amérique qu’en Europe, mais de plus en plus de médecins traitent ainsi les enfants en France. Il existe aujourd’hui plusieurs formes médicamenteuses pour traiter le TDA/H. Il n’est pas de notre responsabilité ici de considérer chacune d’elles. On doit pour cela consulter son médecin.
Cependant, notre expérience clinique nous a largement démontré les bienfaits de la médication, tant pour l’enfant lui-même que pour sa famille, ses amis et ses professeurs, avec qui il peut mieux interagir et aussi en regard des apprentissages scolaires qu’il appréhende avec plus de facilité.
Malgré la réponse favorable de la médication, celle-ci ne constitue pas la panacée et des interventions multimodales sont essentielles pour encadrer l’enfant porteur d’un TDA/H. Rappelons toutefois l’expérience de l’équipe de Lily Hechtman, pédopsychiatre québécoise, qui a publié il y a quelques années une étude longitudinale portant sur le traitement à long terme d’enfants ayant un TDA/H.
Trois groupes d’enfants (disons A, B et C) présentant tous un tableau de TDA/H, ont été soumis à trois types de traitements. Le groupe A ne recevait que la médication ; le groupe B recevait la médication et de l’information pour mieux comprendre le TDA/H ; les parents du groupe C participaient à un programme sur les habilités parentales, et les enfants du même groupe recevaient non seulement la médication et de l’information pour mieux comprendre le TDA/H, mais bénéficiaient en outre d’un programme pour les aider à mieux gérer leurs comportements. Dans tous les groupes, la médication avait été donnée dès le début de l’expérimentation, puis, à l’aide de questionnaires adressés aux parents, une amélioration immédiate et substantielle avait été remarquée également dans chacun des groupes dès la prise de médication. Ensuite, l’information sur le TDA/H a été donnée aux groupes B et C, puis les programmes conjoints sur les habilités parentales et sur la gestion des comportements auprès des enfants ont débuté pour le groupe C et ont été poursuivis durant 16 semaines. À la fin des 16 semaines, on s’attendait à voir une plus grande amélioration dans le groupe C, puis, à un moindre degré, dans le groupe B, comparativement au groupe A, qui n’avait reçu que la médication. À la surprise des chercheurs, on n’a noté aucune différence significative entre les trois groupes, démontrant ainsi que la médication expliquait à elle seule l’amélioration spectaculaire des comportements chez les enfants.
Même si, comme le suggère cette étude, la médication semble pallier à elle seule les manifestations du TDA/H, des programmes d’intervention restent nécessaires et indispensables pour aider le jeune à développer des compétences qui seront efficaces à plus long terme. En effet, les bénéfices de la médication sont immédiatement interrompus dès que celle-ci s’arrête. Par contre, les stratégies de compensation apprises durant l’entraînement pourront durer même après l’arrêt de la médication.