Par Aurélien D’Ignazio et Juliette Martin
Extrait du livre 100 idées pour développer la psychomotricité des enfants
Souvenirs de films ou souvenirs vécus, chacun peut aisément se représenter l’époque des écoliers en culottes courtes, sagement alignés en rang deux par deux. L’ordre était de mise, sous la menace de la longue règle de l’instituteur, symbolisant la droiture que devaient conserver les élèves à cette époque, immobiles derrière leurs pupitres. « Les corps, tout comme les esprits, doivent être domestiqués, rectifiés, fortifiés. » (Heller, 1997).
Même si nous sommes à présent bien loin de ce tableau volontairement caricatural, l’école, où l’on apprend à lire et à écrire, renvoie à l’effort de rester assis à sa table pour assimiler le discours de l’enseignant ; la dimension corporelle étant souvent mise au second plan face à la noblesse de l’activité intellectuelle.
Et pourtant, il suffit d’observer quiconque rester assis un long moment pour constater toutes les formes d’exutoires que trouvera le corps pour faire face à cet immobilisme contraint : croiser ou balancer ses jambes, toucher ses cheveux, changer de position sur son siège, faire tourner son stylo entre ses doigts, regarder par la fenêtre et toutes autres activités de substitution traduisant le besoin évident de s’extérioriser par le mouvement et la sensation.
Refuser d’entendre le langage du corps nous apparaît comme un non-sens tant celui-ci participe aux apprentissages fondamentaux. Nous montrons tout au long du livre 100 idées pour développer la psychomotricité des enfants comment les difficultés scolaires peuvent trouver leurs origines dans des difficultés psychomotrices et comment tenter d’y remédier.
Assembler, manipuler, utiliser sa règle avec précision, écrire rapidement tout en écoutant, coordonner son œil et sa main pour suivre le tracé d’un découpage, ne pas froisser sa feuille en gommant, compter sur ses doigts, s’organiser dans le temps pour finir un exercice avant la sonnerie, savoir où porter son regard pour puiser l’information pertinente, trouver une posture suffisamment confortable pour travailler longuement, transposer les repères spatiaux de son corps sur une feuille pour comprendre la notion de symétrie… ne sont que « quelques » illustrations de l’intelligence du corps, venant puiser dans les potentialités psychomotrices de l’enfant.
Poincaré illustrait le rapport entre l’action et la visualisation : « Se représenter un point c’est imaginer le mouvement qu’il faut pour l’atteindre ». Piaget évoquait également « l’action motrice et l’expérience sensori-motrice à la base de l’intelligence ».
Bouger est même supposé libérer de la disponibilité pour penser ; c’est le cas lorsque nous griffonnons sur un papier au cours d’une conversation téléphonique ou lorsque nous déambulons pour réfléchir… « Les seules pensées valables viennent en marchant », écrivait Nietzsche.
Parents, enseignants et intervenants, vous trouverez dans ce livre, une matière considérable pour surveiller et alimenter l’intelligence psycho-corporelle d’un grand nombre de vos enfants en exercices, situations, applications et dispositifs variés.
« La connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information. » Albert Einstein
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