Par Sophie Donadey-Dupas

Extrait du livre 100 idées pour le bien-être des enfants à l’école

La discipline positive1 est une approche de l’éducation basée sur la philosophie d’Alfred Adler, psychanalyste et psychologue, considéré comme le père fondateur de la psychologie individuelle, et de Rudolf Dreikurs, psychiatre et enseignant. Ils ont proposé des principes et outils pour améliorer l’éducation des enfants et les relations parents-enfants.

Jane Nelsen et Lynn Lott ont mis en place leur mise en pratique notamment sous forme d’ateliers entre parents. L’enjeu de la discipline positive est de répondre à la question : comment éduquer avec fermeté et bienveillance ?

Sacré équilibre ! Il y a bien un cadre, des limites, un respect des valeurs certes, mais pas de punition. La liberté va de pair avec l’exercice des responsabilités. Les encouragements ont une place importante dans cette approche, contrairement aux félicitations, pas de notion de récompense.

L’enfant est vu comme une personne nullement inférieure à l’adulte. L’adulte est un modèle, il montre l’exemple. Les enfants fonctionnent par mimétisme… Il s’agit de faire confiance à l’enfant et de susciter la coopération au quotidien.

En discipline positive, les échecs sont vus comme des opportunités d’apprentissage. Un problème met en valeur la compétence qui manque, c’est l’occasion de l’acquérir. Par exemple, si un enfant renverse de l’eau à côté de son verre en se servant chaque jour, c’est un indice de maladresse qu’il est possible de travailler en proposant des transvasements de pâtes, lentilles, des exercices de visée. Mais cet exercice pourra rester difficile pour les enfants dyspraxiques malgré leurs efforts importants.

On relève aussi l’importance du rôle de chacun dans la collectivité. Les enfants ont ce besoin d’appartenance à un groupe. Il convient de décliner en actions quotidiennes ce besoin des enfants. Les outils proposés font lien avec les connaissances récentes sur le fonctionnement du cerveau de l’enfant : L’utilisation de l’impératif, donner des ordres ne fait pas appel aux mêmes zones du cerveau que le questionnement. Les plus petits ont des difficultés à choisir, proposer dans ce cas des choix limités et non des questions ouvertes, éviter les questions avec pourquoi.

En discipline positive, un des outils proposés est la résolution de problèmes du quotidien, la réflexion autour de comportements dits inappropriés (quelle est la cause, le besoin derrière tout comportement ?) On utilise aussi la règle des 3 R de la réparation (reconnaître son erreur sans culpabiliser, réconcilier en demandant pardon, résoudre le problème en cherchant des solutions), la recherche d’alternatives aux punitions ou encore l’utilisation de l’écoute active. Les punitions peuvent surtout entraîner, de la part de l’enfant, rébellion, dissimulation pour ne pas se faire prendre ou encore désir de revanche. La discipline positive propose une autre approche vis-à-vis de comportements inappropriés c’est-à-dire « les conséquences naturelles » qui se produisent sans aucune intervention de l’adulte et offre d’excellentes opportunités d’apprentissage à l’enfant. Par exemple, si l’enfant reste sous la pluie, il se mouille.

Cette stratégie a cependant des limites : quand l’enfant est en danger, quand les conséquences naturelles interfèrent avec le droit des autres comme jeter des cailloux sur un autre, et quand la conséquence ne touche pas l’enfant directement comme ne pas faire ses devoirs, manger trop de sucreries.

Les sentiments d’appartenance et de contribution sont des besoins de l’être humain.

Quelques citations :

« Gagner la coopération plutôt que d’entrer en relation de pouvoir. », Jane Nelsen3

« Les routines sont à l’enfant ce que les murs sont à la maison, elles donnent des limites et de la hauteur. », Rudolf Dreikurs2

« L’erreur est une merveilleuse opportunité d’apprentissage. », Jane Nelsen4

La discipline positive propose aux adultes accompagnant l’enfant (parents, enseignants) un ensemble d’outils et une méthode ni permissive ni punitive permettant de développer chez les enfants respect, autodiscipline et sens des responsabilités.

C’est une approche encourageant le développement des compétences sociales dans un esprit de respect mutuel au sein des entités (familles, école).

En résumé : bien placer « le curseur » entre fermeté et bienveillance.

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1. Jane Nelsen, La discipline positive.

2. Kinder fordern uns heraus Wie erziehen wir sie zeitgemäß?, Klett-Cotta, 2017

3. La discipline positive.

4. Ibid.

Photo by Arina Krasnikova