Par Florence Cabellan

Extrait du livre 100 idées pour mieux discerner difficultés et besoins spécifiques dès la maternelle

Initialement inspirée du docteur Édouard Seguin, Maria Montessori appliqua sa méthode à ses débuts dans une classe expérimentale à Rome avec des enfants déficients mentaux avant de la généraliser en classe ordinaire. Elle est fondée sur des « principes rationnels » à l’origine de la création de matériel pédagogique.

Dans deux de ses ouvrages « L’esprit absorbant » (en référence à l’aptitude des enfants qui ne cessent d’expérimenter et absorbent comme des éponges le monde environnant) et « La Pédagogie scientifique appliquée à l’éducation des enfants », elle traite des notions pédagogiques de base, du matériel approprié aux apprentissages, de la mission des éducateurs et de leur formation. Le premier livre évoque le rôle du maître qui est de « nourrir, d’aider, d’observer, d’encourager, de guider, d’inciter, et non pas de se mêler, d’ordonner ou d’interdire »1.

Ainsi, la pédagogie scientifique prône la liberté de l’élève, car « la discipline qui naît de la liberté est nécessairement active ». La critique de l’enseignant qui se positionne en tant que représentant de l’autorité est ici sévère : « Nous ne considérons pas qu’un enfant soit discipliné quand ses professeurs ont réussi à le rendre aussi silencieux qu’un muet et aussi immobile qu’un paralytique. Un tel individu n’est pas discipliné, mais annihilé. Nous disons d’un individu qu’il est discipliné quand il est maître de lui-même et qu’il est capable de contrôler sa conduite dans les occasions où il faut suivre des règles »2. 

Le rôle de l’enseignant est de « diriger l’intérêt sur des activités successives » lors de l’utilisation du matériel pédagogique (souvent sensoriel lorsqu’il s’agit d’appréhender un concept abstrait de base). Ce matériel mis à disposition dans la classe aide l’élève à développer ses sens et à comprendre le monde qui l’entoure au moment le plus opportun pour lui. L’enseignant doit donc observer les besoins de chaque élève et répondre aux demandes. Son influence doit être passive sinon elle risque « d’étouffer » l’activité à l’initiative de l’enfant qui est l’expression même de son individualité. 


1. MONTESSORI, M. L’esprit absorbant de l’enfant. Paris : Desclée de Brouwer, 2003.

2. MONTESSORI, M. La Pédagogie scientifique appliquée à l’éducation des enfants. Paris : Desclée de Brouwer, 2004.

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