Extrait du livre 100 idées pour mieux discerner difficultés et besoins spécifiques dès la maternelle
Jean Piaget a orienté ses recherches vers la construction de l’intelligence fondée sur le prolongement de l’adaptation organique sur le plan mental. « Tout individu est doté d’une structure interne qui tend à s’adapter au milieu environnant ».
L’intelligence n’est pas innée, elle se construit lorsque l’enfant développe des schèmes (unités élémentaires de l’activité intellectuelle qui organise une action comme tirer, pousser…). Puis il réalise des opérations (classer) qui permettent d’approcher puis de concevoir l’abstraction lorsque les schèmes sont acquis. Les actions sont donc extériorisées puis intériorisées. Lorsque les schèmes ne sont pas suffisamment coordonnés, le point de vue s’appuie exclusivement sur la subjectivité de l’enfant appelée « égocentrisme cognitif ».
Dans cette théorie constructiviste, l’évolution des individus est universelle et l’organisation cognitive propre à chaque période est intégrée selon un « emboîtement hiérarchique » à la période ultérieure. On décrit alors quatre périodes (ou stades) de l’intelligence :
1 : L’intelligence sensorimotrice 0-2 ans.
2 : L’intelligence préopératoire 2-6 ans.
3 : Le stade des opérations concrètes ou de l’intelligence opératoire 6-10 ans.
4 : Le stade des opérations formelles 10-16 ans.
Durant la période préopératoire, l’enfant se sert de ses représentations mentales pour évoquer les objets absents grâce au langage et au dessin. Dans les espaces de jeu aménagés en classe (dînette, jeux de construction, marchande, déguisements…), il transforme le réel, communique, invente, imite, représente, agit… Ces jeux symboliques incarnent des moyens d’adaptation intellectuelle et affective. En effet, le fait d’imiter en différé et de faire semblant lui permet de développer une image mentale de la réalité.
Les connaissances se construisent par confrontation avec une nouvelle situation. Trois termes définissant l’intégration de ces données par l’intelligence :
• si l’élève coordonne avec ses connaissances déjà acquises : il s’agit d’« assimilation » ;
• si l’élève modifie ses conceptions : il s’agit d’« accommodation » ;
• recherche de l’équilibre le plus favorable : il s’agit d’« équilibration ».
Les connaissances se construisent sur des connaissances antérieures. Il est donc nécessaire de tenir compte des représentations des élèves pour s’en servir comme point d’appui ou découvrir si elles ne font pas obstacle. L’évaluation des prérequis, qu’il s’agisse de savoirs ou de savoir-faire, est incontournable pour s’assurer qu’il possède des acquis qui ne sont pas trop éloignés de ce qui est proposé pour que l’élève chemine vers l’intégration de ces nouvelles connaissances.